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La conférence STA appelle à une plus grande coopération pour protéger les stocks de thon et l’économie de l’océan Indien.

Lors d’une conférence organisée par l’Association du thon durable (STA), qui s’est tenue ce jour, elle a appelé à une meilleure coopération et à un partage des responsabilités de la part des délégués de la CTOI avant la réunion annuelle de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) prévue le mois prochain en Thaïlande.

Dans un contexte de réunions annuelles de la CTOI divisées ou peu concluantes, la STA a utilisé sa plateforme pour rappeler à tous les membres de la CTOI que la durabilité à long terme des stocks de thon et la santé des économies de produits de la mer pour toutes les parties prenantes de l’océan Indien nécessitent une plus grande empathie et une vision commune à long terme.

« Quelle que soit la nation, qu’il s’agisse de pêche artisanale ou industrielle, nous sommes tous confrontés au même problème », a déclaré Cougen Purseramen, président de la STA. «La durabilité à long terme de cette ressource naturelle, ainsi que les personnes et les économies qui en dépendent, exigent que nos dirigeants politiques mettent de côté la pensée à court terme et l’intérêt personnel.

Etat des stocks
Les stocks de thon de l’océan Indien restent très problématiques. De manière positive, un accord a été conclu en 2023 sur de nouvelles mesures de conservation du thon obèse (BigEye), mais l’albacore (Yellowfin) est classé rouge depuis 2015 – ce qui signifie qu’il est surexploité et soumis à une surpêche continue – tandis que le listao (Skipjack), actuellement classé vert, continue de faire l’objet de captures élevées, dépassant le rendement maximal durable. La situation de l’albacore et du listao est un sujet qui préoccupe vivement la STA, sa principale clientèle européenne s’inquiétant de l’absence de gouvernance efficace de la CTOI et du manque de participation aux plans de reconstitution de l’albacore de la part de nombreux États membres importants de la CTOI.

« Les flottes de l’UE qui approvisionnent l’industrie de transformation mauricienne (et seychelloise) ont respecté leurs obligations en matière de réduction des captures, tandis que d’autres ont non seulement ignoré la résolution, mais ont augmenté leurs captures. Cela ne peut tout simplement pas continuer », a ajouté M. Purseramen. « À moins d’une action concertée de la part de tous les participants de l’OI, nous ne parviendrons pas à établir des principes d’équité, d’égalité ou de responsabilité. Une proposition du gouvernement mauricien a été adoptée l’année dernière pour une interdiction volontaire de l’activité de pêche de 31 jours, c’est exactement le genre d’approche équitable qui ferait une réelle différence pour le thon de l’OI, avec une action nécessaire de la part de toutes les flottes industrielles et semi-industrielles, tout en exemptant les petits navires artisanaux et la pêche de subsistance ».

Pêche INN
La pêche illégale, non déclarée ou non réglementée demeure une préoccupation dans l’OI, avec des estimations de plus de 95 millions de dollars de pertes de revenus potentiels rien que pour le thon chaque année. L’inefficacité de la surveillance des pêches permet aux pays pratiquant la pêche en eaux lointaines de s’engager dans la pêche INN à des échelles qui éliminent les ressources locales et augmentent la pression sur les stocks déjà surexploités, créant à leur tour un niveau de demande qui est comblé, dans une certaine mesure, par la pêche INN. Lors de la conférence, la nécessité d’un respect rigoureux de la part des flottes, des ports et des chaînes d’approvisionnement existants, a été soulignée et des mesures punitives ont été recommandées à l’encontre de ceux reconnus coupables de pêche INN.

DCP
L’utilisation de DCP (dispositifs de concentration de poissons) par les senneurs a été une question controversée lors des réunions de la CTOI et le sera probablement à nouveau cette année avec des propositions attendues sur les périodes de fermeture qui reçoivent le soutien des États côtiers mais présentent des défis pour les États dotés d’une industrie de transformation.

« Les DCP sont une question émotionnelle et totémique (symbolique)», a déclaré M. Purseramen lors de l’événement, ajoutant

« mais la réalité est que les flottes qui les utilisent sont responsables de moins de 25 % des captures totales de l’OI, il est donc totalement illogique de rejeter la responsabilité de la surpêche totale sur la flotte des senneurs. Ils sont devenus un bouc émissaire commode pour détourner l’attention des enjeux plus importants sur les prises totales auxquelles contribuent de nombreux types d’engins de pêche. Les membres de la STA dépendent de la flotte des senneurs qui utilise des DCP et soutiendraient catégoriquement une période de fermeture bien conçue, basée sur la science et les données, ainsi que des mesures qui traitent l’impact de toutes les activités de pêche. Il faut laisser l’émotion à la porte et adopter des solutions pragmatiques et réalistes dans lesquelles toutes les parties prennent leurs responsabilités et agissent. »

Lors de la conférence, la STA a cherché à accroître les niveaux d’empathie et de compréhension de la position de chacun et à se concentrer sur l’objectif commun de stocks durables à long terme pour tous.

Une question qui attire l’attention du monde entier
Le ministre de l’Économie Bleue, des Ressources Marines, de la Pêche et du Transport Maritime, M. Sudheer Maudhoo, est également intervenu lors de la conférence, il a confirmé l’engagement de l’île Maurice en matière de transparence et de conformité, ainsi que le fait que la durabilité du thon et la santé des stocks restent la priorité numéro un de l’île Maurice.

« Lors de la CTOI de 2023, Maurice a fait une proposition qui a été adoptée à l’unanimité pour une fermeture volontaire des pêcheries afin de protéger les stocks et j’ai le plaisir de confirmer que Maurice mettra en œuvre cette mesure du 15 mai au 15 juin 2024 ».

S.E Henry V. Jardine, ambassadeur des États-Unis à Maurice et aux Seychelles et S.E Oskar Benedict, ambassadeur de l’Union européenne à Maurice, sont aussi intervenus lors de la conférence. Les intervenants comprenaient aussi des représentants d’IBL, Princes Tuna, la Commission de l’océan Indien, des experts en flottes de pêche de l’UE pour parler la pêche INN. La conférence s’est achevée par une table ronde réunissant des représentants des ministères de la pêche et de l’industrie de la région et de l’étranger.

« Il est toujours important d’entendre le plus grand nombre possible de voix afin de faire tomber les barrières et d’améliorer la compréhension. Nous ne progresserons pas en parlant uniquement dans des chambres d’écho, nous devons donc toujours chercher à entendre plus de voix et à les comprendre. Nous ne pouvons pas non plus sousestimer le profil mondial du thon de l’océan Indien. Le monde nous regarde », a ajouté M. Purseramen.

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