« Que pouvons-nous faire pour changer les systèmes alimentaires, pour les rendre meilleurs ? Nous pouvons tous jouer un rôle, en tant qu’individus, décideurs politiques ou chefs d’entreprise. Le changement peut se produire uniquement si chacun d’entre nous y prend part.
La nourriture favorise l’échange et la reconnexion, elle permet de changer le système pour le meilleur et pour tous. » a déclaré Marta Messa, secrétaire générale de Slow Food.
« Terra Madre est un évènement clé pour nouer des relations et trouver de nouvelles façons de collaborer. De nombreuses personnes venues des quatre coins du monde se rassemblent ici, à Turin, pour amorcer un changement profond et remettre en cause un système économique mondial qui exploite les plus faibles et agresse la nature jour après jour, en saccageant les ressources humaines et naturelles. »
Au niveau européen, il est plus important que jamais de renforcer les actions de plaidoyer, alors que les multinationales agroalimentaires exercent leur influence et leur pouvoir de lobbying pour contrer le besoin pressant d’une transition écologique authentique basée sur l’agroécologie.
Nina Wolff, membre du conseil international de Slow Food et présidente de Slow Food Allemagne, a expliqué pourquoi les décisions prises par l’UE peuvent avoir des conséquences sérieuses :
« Nous devons nous assurer que notre façon de produire et consommer la nourriture en Europe et dans l’hémisphère nord n’a pas d’impact négatif sur les pays de l’hémisphère sud. C’est une question de justice. Par exemple, nous essayons d’empêcher que les pesticides interdits dans les pays de l’hémisphère nord et en UE soient exportés vers le Sud ; ils sont mauvais pour les pollinisateurs, les insectes en général et nos écosystèmes, et nous avons la responsabilité de protéger la population de ces pays-là de la même manière qu’au sein de l’UE. »
La discussion s’est ensuite orientée vers le droit à l’alimentation, la souveraineté alimentaire, basée sur la solidarité et non sur la concurrence, et la construction d’un monde plus juste en partant de la base. Marta Messa :
« Pour nous, le droit à l’alimentation implique une nourriture produite sans exploiter les ressources humaines, respectueuse de l’environnement, des animaux et des générations actuelles et futures. Quant aux producteurs, nous devons garantir leur accès à la terre, aux semences, à l’eau, pour qu’ils puissent continuer leur travail, si important. »
Et pourtant, à Terra Madre, nous avons entendu les témoignages des peuples autochtones qui se battent contre l’accaparement des terres et des ressources en eau.
« Je m’appelle Dai Kitabayashi, Je fais partie de la communauté autochtone des Ryukyus, au Japon. Après la bataille d’Okinawa pendant la Seconde Guerre mondiale, nos terres ont été confisquées par les militaires et notre accès à l’eau a été menacé. Aujourd’hui encore, la présence d’activités militaires contamine notre eau, ce qui impacte notre alimentation. Face à tout cela, nous nous battons pour récupérer nos ressources. »
Jailson Jacinto Pereira Juruma, leader de la communauté indigène des Juruma au Brésil, a renchéri :
« Les Juruma se battent contre le projet de mine de Belo Sun qui réduirait leur accès à la rivière Xing et risquerait de contaminer l’eau avec des produits chimiques. La rivière Xingu est très importante pour les peuples de la région de Para. Notre rivière est notre principale source nourricière, elle nous fournit à manger, à boire et nourrit nos âmes. »
Elizabeth Atieno Opolo, activiste alimentaire pour Greenpeace Africa, a eu le mot de la fin :
« Actuellement, il y a deux problèmes urgents en Afrique : le premier est l’exploitation néfaste du système alimentaire africain et le deuxième est la crise climatique qui affecte les communautés locales. Le système alimentaire africain est exploité par des entités coupables de mettre en place des modèles de développement économique qui se contentent de viser la sécurité alimentaire au lieu d’assurer la souveraineté alimentaire des communautés. »