C’est le 25 octobre 2024 qu’a eu lieu la dernière édition de l’Africa Early-Stage Investor (AESIS) Meetup au Creative Park à Beau Plan.
À l’initiative de Mo Angels, cet évènement reflète l’engagement de ce groupe d’investissement à but non lucratif et de ses partenaires de dynamiser les échanges autour des solutions de financement des startups dans des secteurs émergents.
Parmi les pratiques de plus en plus répandues, l’utilisation de « smart money » sous forme d’injection de fonds mais aussi de mentorat, de conseils stratégiques et d’accès à un network professionnel qui représentent aussi une valeur ajoutée pour ces jeunes entreprises.
L’ile Maurice dispose de tous les atouts pour se positionner comme un hub stratégique pour appuyer la croissance des startup africaines. Le Meetup AESIS a ainsi permis de réunir non seulement des investisseurs en amorçage, souvent appelés “business angels”, mais aussi des acteurs des secteurs public et privé, tous animés par une ambition commune : dynamiser et structurer l’écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
L’événement AESIS a été l’occasion de rencontrer et d’écouter l’expertise de business angels, tant locaux que venus de l’Inde et d’Afrique. Les discussions ont porté sur la manière de combler efficacement le manque de financement et sur les stratégies dont le gouvernement pourrait se servir pour faciliter la mise en œuvre de solutions pratiques face aux défis rencontrés dans l’investissement en phase de démarrage. Ces réflexions offrent une feuille de route stratégique pour favoriser des environnements de soutien aux startups à l’île Maurice et au-delà de ses frontières.
Les sessions clés ont abordé les thématiques suivantes :
Panorama de l’investissement dans les startups : Isabelle de Melo a mis à profit les trois années d’expérience de Mo Angels à Maurice et dans d’autres pays africains pour dresser un tableau des opportunités de développement.
Une solution pratique pour réduire les risques des investissements d’amorçage : Tomi Davies, président de l’African Business Angel Network, a présenté Catalytic Africa et a suggéré d’adapter le modèle d’ABAN et d’AfriLabs à l’île Maurice, où il est déjà opérationnel.
Un fonds d’investissement d’amorçage accessible et à réglementation simplifiée : Padmaja Ruparel, cofondatrice de l’Indian Angel Network, a détaillé comment Maurice pourrait encourager des investissements syndiqués transfrontaliers tout en restant flexible et compétitive, en s’inspirant de la structure mise en place par son réseau.
Préparation de la délégation mauricienne pour Africa Ignite: Une session de pitch de 2 minutes a été organisée afin de préparer les fondateurs mauriciens qui ont représenté l’innovation locale à l’Africa Ignite au Cap. Cet événement majeur rassemble des investisseurs, des entrepreneurs et des leaders technologiques africains, offrant une plateforme exceptionnelle pour présenter des innovations, établir des connexions stratégiques et attirer des financements.
Cofondateur de Mo Angels, Michel Cordani a mis en avant l’importance d’organiser des évènements comme l’AESIS Meetup:
« C’’est un catalyseur pour l’innovation à Maurice et au-delà. Nous sommes ici pour combler le fossé dans l’investissement en phase de démarrage, en abordant les défis uniques auxquels sont confrontées les startups. En réunissant des innovateurs, des entrepreneurs et des décideurs politiques, nous visons à favoriser un environnement où les idées créatives peuvent prospérer. Nos discussions ici mettent en lumière des solutions potentielles, telles que la syndication et les stratégies de réduction des risques, qui sont essentielles pour soutenir la prochaine génération de startups à succès. »
Pour sa part, Isabelle de Melo, cofondatrice de Mo Angels, a souligné l’état actuel du financement des startups en Afrique :
« Bien que nous nous concentrions sur les investissements en phase de démarrage, des études récentes montrent que le paysage est en train de changer. Ainsi, en Afrique, le financement en capital-risque a atteint 4,5 milliards de dollars, avec environ 200 transactions inférieures à 1 million de dollars et 600 transactions supérieures à 7 millions de dollars par jour. Cela indique que nous opérons dans un environnement où les transactions sont généralement beaucoup plus petites, se situant généralement entre 20 000 et 1,5 million de dollars. Malheureusement, les banques traditionnelles considèrent souvent ces investissements comme trop risqués, ce qui entraîne un manque d’intérêt pour le financement des startups. Elles hésitent à investir les ressources nécessaires à la due diligence pour des rendements modestes, et c’est précisément là que les investisseurs providentiels (business angels) interviennent. »
Et d’ajouter : « Les investisseurs providentiels peuvent investir dans une large gamme de montants, allant de 100 $ à plusieurs millions de dollars. Notre expérience à Maurice au cours des trois à quatre dernières années a montré que les investissements moyens se situent entre 40 000 et 70 000 $. De plus, l’émergence de plusieurs réseaux d’investisseurs providentiels à travers l’Afrique, soutenus par diverses institutions de financement du développement, est devenue cruciale pour favoriser un écosystème innovant capable de relever les défis du continent.»
Pour Isabelle de Melo, notre île dispose de nombreux atouts pour jouer un rôle essentiel dans ce secteur notamment à travers la diversité de sa population, son réseau au niveau international et une vraie expertise locale.
« Depuis notre création, nous avons investi 800 000 $ dans plusieurs startups et nous sommes prêts à réaliser de nouveaux investissements prochainement. Notre objectif est de renforcer notre écosystème local tout en explorant des opportunités dans d’autres pays, nous positionnant ainsi comme une destination incontournable pour les startups présentant des modèles économiques diversifiés provenant de régions telles que le Kenya, l’Afrique du Sud, le Ghana, Maurice, l’Éthiopie et le Nigéria. Le développement continu des incubateurs, notamment dans l’entrepreneuriat social, témoigne de notre engagement à soutenir des solutions innovantes, en nous inspirant des modèles réussis en Inde, que nous pourrions reproduire à travers l’Afrique. »
Invité à partager sa vision sur l’avenir du financement des start up, Vinay Guddye, directeur de l’Economic Development Board (EDB) se montre favorable au soutien dans la création d’un écosystème propice au financement des startups, qui jouera un rôle essentiel dans la croissance de l’innovation à travers l’Afrique.
« Nous comprenons que le continent regorge de potentiel, et en comblant le fossé financier pour les jeunes entrepreneurs, nous pouvons libérer de nouvelles technologies et stimuler la croissance économique. Notre engagement aujourd’hui est de collaborer avec des organisations telles que Mo Angels et d’établir un cadre durable qui permette aux innovateurs d’accéder au capital dont ils ont besoin pour réussir. »
Bank One était aussi présent lors de cette dernière édition de l’AESIS Meetup, représenté par son responsable de la banque privée et de la gestion de patrimoine, Guillaume Passebecq. Il a réaffirmé l’engagement de la banque dans l’accompagnement des entrepreneurs en leur facilitant l’accès à des solutions de financement et des services de conseils personnalisés:
« En favorisant un écosystème entrepreneurial solide, nous contribuons à la résilience et à l’innovation de la région. Nous sommes également fiers de mettre à profit la présence substantielle de nos partenaires dans la région pour créer un environnement dynamique qui soutient la prochaine génération de leaders d’entreprises ».
De son côté, Ramakrishna Madoo, Senior Manager of Business Development chez MITCO, a mis l’accent sur l’importance de l’accompagnement des startups en phase de démarrage :
« Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous reconnaissons que chaque licorne commence en tant que modeste startup. Notre objectif est de soutenir ces jeunes entreprises grâce à divers mécanismes, notamment l’investissement providentiel et les partenariats stratégiques. En fournissant des solutions structurées, nous pouvons aider les startups à passer de la phase de lancement à une croissance significative. Avec le soutien approprié, ces entreprises ont le potentiel de devenir les leaders de l’industrie de demain. »
A l’issue de cette dernière édition de l’Africa Early-Stage Investor Meetup, le rôle de l’investissement providentiel est apparu clairement comme décisif pour combler le déficit en financement initial et permettre ainsi de maintenir l’esprit innovateur dont fait preuve les startups. Les discussions au cours de cet évènement ont également servi à souligner l’évolution du financement des startups en Afrique, tout en insistant sur l’importance de stratégies de réduction des risques et de solutions transfrontalières.
Inspiré par des experts de renom et des modèles internationaux reconnus, Mo Angels poursuit son ambition de bâtir un écosystème entrepreneurial solide à l’ile Maurice, en s’appuyant sur la collaboration de l’ensemble des acteurs dans le secteur financier.
Grâce à sa position géographique stratégique et un cadre juridique favorable, l’île Maurice dispose déjà des bases nécessaires pour développer un écosystème dynamique.
Cependant, pour assembler les pièces manquantes de ce puzzle, il est indispensable d’introduire de nouvelles politiques et des leviers financiers innovants. La combinaison de ces efforts permettra de mieux structurer un environnement propice à attirer davantage d’investisseurs dans ce secteur en plein essor que sont les startups.
English
The Mauritius Edition of the Africa Early-Stage Investor Meetup 2024, hosted by Mo Angels, took place on 25 October 2024, at Creative Park, Beau Plan.
This dynamic event aligns with Mo Angels and its partners ongoing efforts in unlocking « smart money » and enhancing early- stage investment structures to position the country as a hub for African startup growth. The meetup gathered early-stage investors, public and private sector representatives and policy makers in the innovation and entrepreneurial ecosystem.
The AESIS event showcased an outstanding line-up of prominent angel investors from India, Africa, and Mauritius. The discussion went on how to effectively bridge funding gaps and how the government could facilitate the implementation of practical solutions to the challenges faced in early-stage investing. These insights offer a strategic roadmap to foster supportive environments for startups in Mauritius and beyond.
Key sessions included:
∙Early-Stage Investing Panorama: Isabelle de Melo drew on Mo Angels’ three years of experience in Mauritius and other African countries to list opportunities for further development.
∙A Practical Solution for De-risking Angel Investments: Tomi Davies, President of ABAN, showcased Catalytic Africa and suggested adapting the ABAN and AfriLabs Model to Mauritius, which is already operational.
∙A Low-Cost, Regulatory-Light Angel Fund: Padmaja Ruparel, Co-founder of the Indian Angel Network, explained in detail how Mauritius could enable cost-effective, cross- border syndicated investing.
∙Startup Pitches: A dry-run session for founders who will be on stage representing Mauritius innovation at Africa Ignite in Cape Town.
Michel Cordani, Co-founder of Mo Angels, emphasised the significance of the meetup: “This event is more than just a gathering; it’s a catalyst for innovation in Mauritius and beyond. We are here to bridge the gap in early-stage investing, addressing the unique challenges faced by startups. By bringing together innovators, entrepreneurs, and policymakers, we aim to foster an environment where creative ideas can thrive. Our discussions here highlight potential solutions, such as syndication and de-risking strategies, which are crucial for nurturing the next generation of successful startups.”
Isabelle de Melo, Co-founder of Mo Angels, noted the current state of early-stage funding in Africa: “Though we focus on early-stage investments, recent studies reveal that the landscape is changing. In Africa, venture capital funding totalled £4.5 billion, with around 200 deals under £1 million and 600 deals exceeding £7 million per day. This indicates that we are operating in an environment where deals are generally much smaller, typically ranging from £20,000 to £1.5 million. Unfortunately, traditional banks often view these investments as too risky, leading to a lack of interest in funding smaller startups. They hesitate to invest due diligence resources for returns on modest investments, which is precisely where business angels come into play.”
She went onto add, “Business angels can engage in a wide range of funding amounts, from as little as £100 on our platform to millions of pounds. Our experience in Mauritius over the past three to four years has seen average investments between £40,000 and £70,000. Additionally, the emergence of multiple angel networks across Africa, supported by various development finance institutions, has become crucial in fostering an innovative ecosystem capable of addressing the continent’s challenges. Mauritius, with its diverse population, boasts a rich network and significant expertise within its community. Since our inception, we’ve invested $800,000 in several startups and are poised to make more investments soon. Our goal is to enhance our local ecosystem while also exploring opportunities in other countries, positioning ourselves as a go-to destination for startups presenting diverse business models from regions such as Kenya, South Africa, Ghana, Mauritius, Ethiopia, and Nigeria. The ongoing development of incubators, particularly in social entrepreneurship, indicates our commitment to supporting innovative solutions, drawing inspiration from successful models in India that could be replicated across Africa.”
Vinay Guddye, Director of the Economic Development Board, shared his vision for the future: “Creating an ecosystem that provides finance for startups is not just beneficial; it is essential for the growth of innovation across Africa. We understand that the continent is brimming with potential, and by closing the funding gap for young entrepreneurs, we can unlock new technologies and drive economic growth. Our commitment today is to collaborate with organisations like Mo Angels and to establish a sustainable framework that empowers innovators to access the capital they need to succeed.”
Guillaume Passebecq, Head of Private Banking and Wealth Management at Bank One, shared insights on supporting entrepreneurship: « Entrepreneurship drives economic growth, and at Bank One, we are committed to facilitating cross-border investments that nurture startups. Our goal is to provide tailored financial solutions and advisory services that make funding more accessible for entrepreneurs. By fostering a strong entrepreneurial ecosystem, we contribute to the region’s resilience and innovation. We are also proud to leverage the substantial presence of our stakeholders in the region to build a dynamic environment that supports the next generation of business leaders. »
Ramakrishna Madoo, Senior Manager of Business Development at MITCO, highlighted the importance of early-stage support: “We are here today because we recognise that every unicorn starts as a humble startup. Our goal is to nurture these budding enterprises through various support mechanisms, including angel investing and strategic partnerships. By providing structured solutions, we can help startups transition from the seed stage to achieving significant growth. With the right support, these companies have the potential to become the industry leaders of tomorrow.”
The Mauritius Edition of the Africa Early-Stage Investor Meetup 2024 underscored the critical role of angel investing in bridging the early-stage funding gap and fostering innovation. The event showcased the evolving landscape of early-stage funding in Africa and highlighted the importance of de-risking and cross-border solutions. Inspired by leading experts and successful international models, Mo Angels aims to continue building a robust local ecosystem with the support of relevant stakeholders. Mauritius already has many ingredients needed to develop a thriving entrepreneurial ecosystem, including favorable geography and jurisdiction, presenting a significant opportunity. We are working towards assembling the pieces of the puzzle through a series of strategies. We need new policies and financial instruments in building a robust ecosystem that would attract more investment in this asset class.