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Le colloque du CEDTI sur lefutur des îles face au changement climatique

Les Petits états insulaires en développement (PEID) font partie des plus vulnérables quand on évoque les catastrophes causées par le changement climatique.

Afin de répondre aux défis spécifiques de ces régions et de proposer des solutions durables, le Centre d’Études du Développement Territorial Indo-océanique (CEDTI) tient son premier colloque du 26 au 28 novembre sous le thème « L’eau dans tous ses états insulaires ». Ce, avec le soutien de l’ambassade de France et l’Institut Français de Maurice (IFM), où se déroulera la majeure partie des activités du colloque.

Un rendez-vous pour imaginer l’avenir des PEID
Ce colloque inaugure un cycle de trois éditions dédiées à l’exploration des futurs des Petits états insulaires en développement (PEID) face aux défis du changement climatique. Cette première édition a pour objectif d’explorer les pratiques actuelles et émergentes face aux risques climatiques ; de questionner les stratégies de planification et politiques existantes ; d’imaginer des transformations alternatives pour renforcer la résilience des PEID ; et favoriser le partage de connaissances et la création de partenariats innovants.

Le Programme
Le colloque s’ouvre le 26 novembre avec « Koz-Kozé » (9h30-15h) lancé par Pamela Bapoo-Dundoo coordinatrice du GEF, programme des Petits Subvention de l’UNDP. Ce sera la première session des présentations des projets recherche sur l’urbanisme, l’architecture et l’ingénierie environnementale. L’après-midi, « Zenès dan dilo » (15h30-17h) met en lumière les projets étudiants de l’ENSA Nantes (Maurice) dans les domaines de l’urbanisme et de l’architecture autour du thème « L’eau dans tous ses états insulaires » en collaboration avec leurs tuteurs.

Le 27 novembre, « Koz-Kozé » continue avec des présentations de recherche de 14hr à 16h30 suivie de « Témwanyaz » de 17h à 18h, où le collectif Nou explore l’architecture mauricienne et présentera son projet de recherche sur le terrain en collaboration avec le CEDTI dans amphithéâtre de l’IFM. En parallèle de 17h à 19h, le public et les participants pourront assister à une session d’immersion virtuelle, avec une vidéo réalisée par Vipin Dhunnoo, doctorant à l’Université Bond de Sydney, montrant Sydney inondée durant « Lipié dan dilo ». Et finalement une projection de courts docu-films réalisés par Patrice Canabady aura lieu de 18h-19h lors de la session « Dilo lor lékran ». Ce dernier sera présent sur scène pour un bref échange avec le public. La série de courts métrages s’intitule ‘Autour de la Mer’ et le public présent est invité à interagir avec le producteur et le panel.

La dernière journée, le jeudi 28 novembre, reprendra avec les présentations de « Koz-Kozé » de 9h30 à 9h55. La session débutera avec le discours de Miriam Hillawi Abraham, designer multidisciplinaire, axé sur la manière dont la recherche peut être transformative et un processus actif pour la résilience de nos communautés. « Dilo? ki pou fer? » suivra de 10h à 15h, un atelier dédié à l’identification des domaines et projets nécessitant une recherche transformative et les actions à prendre. Un débat aura ensuite lieu sur l’économie circulaire de l’eau animé par Mme Nathalie Sanchez (experte en économie circulaire, Alinae Consulting – à Maurice) et le Dr Mahfoud Talhaiti (ingénieur et expert en économie circulaire de l’ICAM, Nantes).

Le thème : L’eau dans tous ses états insulaires
L’eau, ressource essentielle mais souvent menacée, sera au centre des débats. Les PEID, avec leurs écosystèmes fragiles et leurs infrastructures vulnérables, sont particulièrement exposés aux catastrophes liées à l’eau, telles que cyclones, inondations et érosions côtières. Ces impacts, exacerbés par le changement climatique, nécessitent des réponses immédiates et innovantes. « Les PEID ont des environnements naturels spécifiques et des écosystèmes fragiles. En contexte insulaire marqué par un accès limité aux ressources pour l’urbanisation avancée et leur développement territorial, des pratiques innovantes de base pour s’adapter aux catastrophes climatiques émergent lentement dans les PEID. Avec la crise climatique actuelle, nous vivons des situations particulières de catastrophes liées à l’eau. Afin de pouvoir répondre aux besoins spécifiques de chaque région et d’identifier les zones à risques, CEDTI propose de déployer une approche participative avec les communautés locales pour identifier les meilleures solutions adaptables. À travers la création d’un écosystème de recherche qui se focalise sur les enjeux liés à la crise climatique nous pouvons développer des solutions innovantes propres à notre contexte, les tester et les déployer », explique le Dr Farrah Jahangeer.

Des experts internationaux réunis
Ce colloque réunira des chercheurs, des professionnels, des universitaires et des représentants d’organisations internationales, tous experts dans les domaines de l’urbanisme, de la géographie, de l’architecture, du génie de l’environnement et des sciences sociales. Les participants partageront leurs connaissances et leurs expériences, afin de favoriser l’émergence de nouvelles idées et de renforcer les collaborations.

La Parole aux experts :

Raphael Merven


Raphael Merven, Responsable de projet à l’Indian Ocean Islands Foundation. Ingénieur recherche et développement
« Le thème central du colloque, l’eau, est un des enjeux majeurs des îles océaniques après les dynamiques d’usage des sols, tant d’un point de vue économique, social ou environnemental. Élément transversal des paysages terrestres et marins, l’eau régule les cycles climatiques et écologiques des territoires insulaires, et par là même, se trouve au cœur des politiques de gestion traversant différents secteurs et acteurs territoriaux. La recomposition des stratégies de développement des PEID passera alors forcément par la prise en compte de cet enjeu pour transitionner vers un monde qui sera en crise climatique et de biodiversité, ce qui amènera à davantage de défis (sociaux, politiques, économiques) dans le futur. Ce colloque présente l’opportunité de présenter des travaux et d’engager des discussions avec des personnes issues de divers domaines d’expertise, ce qui répond au besoin de l’interdisciplinarité et de la multidisciplinarité pour relever les défis actuels et futurs.

Durant ce colloque, je présenterai une conférence sur un écosystème intertidal, donc à la limite entre terre et mer, la mangrove. Témoignant d’une adaptation remarquable aux conditions mouvantes, à forte concentration de sel et souvent sans oxygène de la zone de transition terre mer, les mangroves jouent un rôle clé pour la biodiversité côtière mais pas seulement. Des travaux que nous avons menés avec une équipe de recherche en 2021 sur la côte Est de Maurice démontre l’importance des mangroves pour la sécurité alimentaire et la génération de revenus des habitants des villages enquêtées, ainsi que de multiples valeurs socio-culturelles associées à cet écosystème.

Durant le colloque, je parlerai surtout du manque de prise en compte des bénéfices sociaux et économiques qu’apportent les mangroves aux communautés côtières dans les politiques publiques, ces dernières étant construites sur une logique exclusive des utilisateurs de ressources. Je proposerai ensuite quelques perspectives, en me basant sur des dispositifs de gestion présents au Fiji et à Madagascar, pour intégrer les valeurs et pratiques locales dans les politiques de gestion de l’écosystème.

Je suis curieux de voir les présentations des différents intervenants, plusieurs conférences ont beaucoup attirés mon attention sur le programme, et c’est intéressant d’avoir des projets de toute la région pour avoir plus de perspectives sur ce qui se passe sur les îles voisines. J’espère aussi qu’il ne s’agit pas d’un événement ponctuel, et que des efforts sincères soient faits par les participants pour échanger avec des personnes qu’ils n’auraient normalement pas rencontrées ou avec lesquelles ils ne travailleraient pas habituellement, et pour développer de nouvelles pistes de collaboration. »

Pascal Joanne


Pascal Joanne, Conseiller Scientifique pour les Ressources Créatives & Ambiances au CEDTI
« De nombreuses îles habitées connaissent vis-à-vis de l’eau une situation paradoxale. Elles sont à la fois menacées par sa présence et victimes de son absence : érosion marine et montée des eaux d’une part et sécheresse et carence en eau de pluie d’autre part. C’est le cas de certaines îles en Grèce (et ailleurs) qui doivent être approvisionnées en eau potable par cargo une grande partie de l’année pour subvenir aux besoins de leur population. Cette contradiction résume à elle seule l’état d’esprit du colloque qui s’intéresse à la confrontation d’un territoire insulaire, de ses habitants, de ses infrastructures, de ses paysages avec l’eau sous toutes ses formes.

Architecte moi-même et enseignant depuis de nombreuses années en école d’architecture, c’est tout naturellement dans cette thématique que s’inscrit ma contribution. La production architecturale est souvent mise à l’index dans les conséquences du dérèglement climatique (artificialisation des sols et des littoraux, épuisement des ressources, forte contribution aux émissions de gaz à effets de serre, sur densification des zones côtières…) La réalisation de bâtiments est souvent vue comme un « problème », une des causes indirectes mais majeure de l’ampleur des catastrophes climatiques. Très récemment par exemple, on a mis en cause l’urbanisation effrénée de la région de Valence en Espagne qui aurait ainsi amplifié de façon dramatique les inondations qu’elle vient de subir. Or, je suis persuadé qu’au contraire, l’architecture est et peut être une solution. Une architecture raisonnée, en communion avec son environnement naturel peut contribuer à limiter l’exposition des populations aux inondations répétées, aux vagues de chaleur, aux tempêtes destructrices.

La session du colloque intitulée : « architecture submersible/insubmersible » va tenter de dresser un premier état des lieux des démarches et des productions architecturales positives, expérimentales ou déjà éprouvées. Je pense que ce colloque est avant tout une formidable occasion de rassembler une communauté de chercheurs, d’acteurs, de promoteurs, mais aussi de simples citoyens des pays de l’océan Indien, sensibilisés ou touchés par les effets du dérèglement climatique sur leur territoire. Mais au-delà d’une prise de conscience nécessaire mais insuffisante, il faut s’engager et agir, même à l’échelle de l’individu, aussi modeste soit-elle. J’espère que le colloque saura donner cette impulsion.

Cette rencontre peut être une sorte de « laboratoire des initiatives », les gens vont échanger des idées, livrer des témoignages, envisager des coopérations et développer des projets. Partir de ce qui se fait déjà pour servir de modèle et faire encore mieux.»

Adrien Mallac-Sim


Adrien Mallac-Sim du collectif NOU
« L’eau, c’est d’abord un océan Indien, qui nous lie et nous relie, autant qu’il nous isole. Mais c’est aussi une étendue, un horizon, une invitation à l’ailleurs, à la rencontre et au partage. L’eau est toujours dans notre ADN tropical cyclonique de “petit État insulaire” ou de “vaste empire maritime”, peu importe le point de vue que l’on veut bien prendre en tant que Mauricien. L’eau, c’est à la fois la vie, la santé, la dignité, mais quand elle se mue en torrents destructeurs et crues meurtrières, elle nous donne à repenser avec urgence nos manières de vivre et d’habiter au cœur de nos écosystèmes.

Dans le cadre de ce colloque, le collectif NOU, en collaboration avec le CEDTI et HM Architects, et soutenu par l’IFM et l’ambassade de France, présentera l’avancée de leur projet de recherche appliquée sur un territoire fortement touché par les événements climatiques et particulièrement les inondations subites. Ce projet de recherche a pour but d’étudier à la fois les enjeux de l’environnement physique, les problématiques de développement et d’infrastructures, mais surtout de mettre en lumière l’importance fondamentale du travail de terrain, sur le temps long, avec le soutien et l’engagement des communautés locales pour assurer la qualité et la pérennité des projets entrepris et à entreprendre. En tant que Mauriciens, diplômés en architecture, les membres du collectif NOU s’intéressent particulièrement aux impacts sociaux dans le partage de notre territoire insulaire en proie à ces problématiques d’eau. Dans un contexte international du “tout-digital”, NOU souhaite relater et rendre accessibles les récits de ces territoires trop peu documentés.

Le collectif NOU félicite le CEDTI pour l’organisation du colloque “L’eau dans tous ses états insulaires” qui sera un rendez-vous pour de nombreux experts et initiés partageant des problématiques communes et qui aboutira, nous l’espérons, à une compréhension augmentée de ces enjeux, des synergies de compétences et des collaborations futures à l’échelle nationale, régionale et internationale. »


CEDTI : la recherche pour soutenir le développement
Le CEDTI, premier centre de recherche indépendant de l’océan Indien, se concentre sur les dynamiques de transformation des espaces urbains, locaux et régionaux face à la crise climatique. En adoptant une approche pluridisciplinaire, il explore les transformations spatiales dans des domaines variés tels que l’architecture, l’écologie, l’ingénierie ou la sociologie. Ses recherches visent à redéfinir le développement durable, promouvoir des cadres innovants et soutenir les économies circulaires. Collaborant avec des partenaires publics et privés, le centre accueille chercheurs, professionnels et étudiants, tout en rendant ses travaux accessibles à un public élargi au-delà du milieu académique. Le CEDTI, à travers cette initiative, souhaite favoriser un dialogue interdisciplinaire entre chercheurs, urbanistes, architectes, ingénieurs et représentants des communautés locales. Cette première édition jettera les bases d’un écosystème de recherche axé sur les enjeux climatiques propres aux PEID. Les discussions et échanges aboutiront à la publication d’actes de colloque, outil précieux pour guider les décideurs politiques dans l’adoption de cadres législatifs adaptés. Les éditions futures s’orienteront vers la formation à la gestion des catastrophes climatiques (édition 2) et la présentation des impacts des projets développés (édition 3).

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