Faciliter le dialogue entre éducateurs et jeunes à Rodrigues

Séance de travail de PILS à Rodrigues

La question de santé sexuelle chez les jeunes à Rodrigues suscite un vif intérêt auprès des décideurs et des éducateurs. Hausse dans les infections au VIH et aux infections sexuellement transmissibles, grossesses précoces sont parmi les préoccupations.

Lors d’une mission à Rodrigues la semaine dernière, les représentants de Prévention Information et Lutte contre le SIda (PILS) ont aidé à faciliter le dialogue entre les jeunes et les éducateurs pour faire tomber les tabous et pour favoriser un langage inclusif. Des ateliers de travail et des ateliers de sensibilisation organisés à travers la AIDS Unit de Commission de la Santé de Rodrigues dans le cadre d’un projet de la UNFPA ont permis de toucher presque 200 jeunes et une trentaine d’éducateurs.

Un des principaux défis identifiés concerne la coordination des efforts entre les éducateurs des différents établissements et d’organisations locales qui restent très actives dans leur mission. L’objectif est d’unifier les programmes et les messages tout en respectant les valeurs de chacun, afin de répondre aux besoins et attentes exprimés par les jeunes. Car pour ces derniers, l’approche ne correspond pas toujours à leurs besoins et le langage doit s’adapter à leurs réalités.

Lors des consultations, une trentaine de collégiens ont partagé leurs expériences et analysé les points forts et faibles des approches éducatives existantes. « Les éducateurs doivent comprendre les attentes des jeunes et savoir utiliser un langage qui s’adapte à nous », fait ressortir un des participants à cette consultation. Organisée par la AIDS Unit Rodrigues, cette rencontre a eu lieu au centre de Bois d’Olive. « Zot bizin koz ouvertman, fodre pa ena tabou ek bizin les bann zen exprim zot », dit un autre face aux deux représentants de PILS qui avaient été invités à animer cet exercice. Un atelier similaire avec les mêmes objectifs avait permis aux jeunes de Maurice de s’exprimer sur la santé sexuelle en 2024. « Il est important que ce sujet soit discuté de manière constante avec les jeunes depuis tôt et de manière adaptée afin que les questions délicates puissent être abordées plus facilement à l’adolescence », ajoutent les participant à l’atelier à Rodrigues

Deux jours après les consultations, une liste de recommandations issues des discussions a été présentée aux éducateurs. Parmi les thématiques abordées figuraient la grossesse juvénile, la pornographie, les infections sexuellement transmissibles, les modes de prévention, et les relations problématiques avec des adultes, tels que les phénomènes de « sugar daddy » et « sugar mamy », très présents dans la région.

Les éducateurs, conscients des attentes des jeunes, se sont engagés à développer des programmes adaptés pour leur permettre de faire face à ces défis et de saisir les opportunités de la vie. Ces échanges animés par PILS serviront de base pour l’élaboration d’un programme pédagogique sur la santé sexuelle et la consommation de drogues. En effet, la question des substances illicites, notamment des drogues synthétiques, suscite de vives inquiétudes à Rodrigues.

Lors du lancement des ateliers, Joseph Varok Ravina, Commissaire de la Jeunesse et des Sports, a souligné l’urgence d’offrir un encadrement adéquat à la jeunesse rodriguaise. Il a affirmé que les autorités locales feront tout leur possible pour renforcer la prévention et responsabiliser les jeunes ainsi que leurs parents. De son côté, Arlette Milazar de l’AIDS Unit a expliqué que ces ateliers, organisés avec le soutien de l’UNFPA, répondent aux besoins exprimés par la communauté face à une situation préoccupante.