La septième édition des Talk Series du groupe Attitude s’est tenue le jeudi 20 février au Café du Vieux Conseil. Cette première édition pour 2025 avait pour thématique : « Le podcast, nouveau média : comment (bien) faire entendre sa voix ? ».
Près de 200 personnes se sont déplacées pour découvrir l’univers de quatre podcasteuses : les Françaises Elsa Wolinski et Clémentine Galey et les Mauriciennes Shakti Callikan et Cristèle de Spéville. Sous les arbres du Vieux Conseil, elles ont partagé, avec authenticité et émotion, leur expérience et leur vision, démontrant comment elles transforment des récits personnels en messages universels.
La thématique du podcast n’est pas nouvelle pour Attitude, comme l’ont rappelé Esther Amsallem et Juliette Deloustal. En effet, le groupe hôtelier a lancé son premier podcast en 2020, avec la première saison de « Île Maurice mon amour », un podcast de dix épisodes. Fort de ce succès, Attitude a poursuivi l’aventure en 2024 avec une saison 2, toujours en dix épisodes, cette fois en interrogeant la diaspora mauricienne. « Pourquoi le podcast ? » expliquent-elles.
« Parce que nous sommes convaincues que le podcast est un média prometteur. Il permet de raconter des histoires, d’approfondir des sujets complexes et de sensibiliser à des causes importantes. Ce format offre aussi une connexion plus intime et directe avec le public. Nous croyons en la puissance du témoignage, car il a un pouvoir libérateur : il permet de briser les tabous, de créer des liens de solidarité et de forger de vraies communautés. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises et de marques adoptent le podcast comme média, investissant massivement pour véhiculer leurs valeurs et renforcer leurs relations, que ce soit avec leurs clients ou leurs employés. »
. Le podcast reste un medium de communication important pour le groupe Attitude. Esther Amsallem et Juliette Deloustal en ont profité pour annoncer l’ouverture de leur studio de podcast au sein de leurs bureaux à Beau Plan.
Des voix engagées et des récits puissants
Elsa Wolinski, créatrice du podcast Allez, j’ose ! et entrepreneure, a insisté sur l’importance d’incarner pleinement ses projets. Selon elle, le podcast permet de porter une voix collective et d’aller à l’essentiel.
« Il est important d’incarner nos projets réellement en tant que femme. Ce média du podcast, c’est une manière de porter notre voix. Mais pas ma voix, c’est notre voix. Nous essayons de faire des choses qui nous ressemblent et qui sont importantes pour nous. Je travaille dans une démarche de transmission. Faire un podcast, c’était être sans image. Je n’avais plus envie de me montrer. Dans un podcast, on n’entend que la voix. On est bercé par l’autre, par son engagement, son intimité. Créer ce podcast, pour moi, a un peu changé ma vie. Faites-vous confiance. Avancez avec vos tripes. Avancez avec votre cœur. C’est ce qui marche le mieux, finalement. C’est un peu l’amour en vie, en fait. »
Pour Cristèle de Spéville, fondatrice du podcast Cannes à sucre et préjugés, le format podcast a permis d’aborder des sujets sensibles de la société mauricienne, notamment le multiculturalisme et le métissage, dans un cadre propice à l’échange.
« Cannes à sucre et préjugés » est né d’un projet de Shakti qui voulait un podcast en sciences humaines sur les problématiques mauriciennes. Toutes les problématiques qu’on peut aborder à Maurice au niveau sociétal sont en général sensibles. » Selon elle, un sujet sensible est « un sujet complexe qui touche à l’intime et sur lequel on n’a pas forcément de réponse facile. Quand on aborde le métissage ou le multiculturalisme à Maurice, ce sont des sujets qui réveillent des choses en nous. Je suis blanche mauricienne, donc quand j’aborde la question de l’esclavage, je ne peux pas être neutre en fait. » Le podcast devait créer « un pont entre l’intime et l’éclairage scientifique. » Elle estime que ce format a facilité « une parole libre dans un petit lieu assez clos, assez feutré où la voix donne autre chose. » De cette expérience, Cristèle de Spéville retient que « les silences et les moments de suspension » ont représenté un vrai défi. « Ces silences sont essentiels pour offrir un propos nuancé et accessible. »
Shakti Callikan, créatrice du podcast Fam Palab, met en avant la nécessité de créer un espace médiatique libre pour les femmes mauriciennes. «
Le projet Fam Palab est né du constat que les femmes ont peu d’espace médiatique libre pour s’exprimer en dehors des stéréotypes. L’objectif était donc de créer des conversations authentiques où elles peuvent partager leurs expériences sans formatage. Ce projet repose sur la transmission et l’échange : chaque femme interviewée en invite une autre, favorisant ainsi un dialogue organique et inclusif. Dans le contexte mauricien, ces échanges sont cruciaux, car bien que la société soit patriarcale, elle est aussi culturellement diverse. Il est donc essentiel de questionner la manière dont les femmes naviguent ces réalités. L’inspiration derrière ce projet vient aussi d’une réflexion sur la maternité et le manque d’informations fiables. À travers le podcast, l’idée était de libérer la parole, rétablir la transmission et offrir des témoignages authentiques. L’incarnation et l’engagement sur Instagram ont également contribué à créer un véritable lien avec les auditrices. »
Enfin, Clémentine Galey, fondatrice du podcast Bliss Stories, revient sur sa motivation à parler de la maternité et à créer un climat de confiance.
« Bliss Stories raconte des histoires sur la grossesse et l’accouchement. Ce podcast est né d’un constat : la désinformation autour de la maternité. Inspirée par l’expérience de ma sœur et son propre vécu, j’ai a voulu ouvrir un espace de parole sincère et libre. Ses deux grossesses se sont bien passées, mais j’ai découvert en postpartum des réalités que j’ignorais totalement, comme la douleur d’une épisiotomie. D’abord un projet personnel monté seule après le travail, le podcast a rapidement pris de l’ampleur. Son succès repose sur une incarnation forte, une approche bienveillante et un climat de confiance. Je ne suis ni professionnelle de santé ni psychologue, les invitées se livrent sans crainte. Grâce à Instagram, j’ai réussi à tisser un lien direct avec mon audience. Aujourd’hui, avec une large communauté, je mesure l’impact puissant de ces témoignages, entre transmission, écoute et bienveillance. »
Les podcasts, le nouveau média audio authentique
Les podcasts sont aujourd’hui très populaires grâce à leur accessibilité et leur flexibilité. Comme le souligne Cristèle de Spéville, ils s’intègrent facilement dans la vie quotidienne (voiture, métro, multitâches) et permettent d’aborder des sujets complexes de manière vulgarisée. Elsa Wolinski met en avant leur authenticité et leur capacité à transmettre des émotions, ce qui capte l’attention des auditeurs. Clémentine Galey insiste sur leur format plus long et introspectif, qui crée une véritable proximité immersive avec l’auditeur. De plus, comme le rappelle Shakti Callikan, la diversité des contenus attire de plus en plus d’auditeurs, renforçant ainsi leur popularité.
Pour se lancer dans le podcast, il est important de bien préparer son projet. Cristèle de Spéville conseille de choisir un angle précis et un format adapté pour éviter de se disperser. Clémentine Galey insiste sur l’importance de la régularité et de l’engagement personnel, en traitant éventuellement des sujets de niche. Elsa encourage à ne pas trop réfléchir et à se lancer sans peur de l’échec. Enfin, Shakti Callikan recommande de privilégier le plaisir et le partage plutôt que la rentabilité immédiate.
Les Talk Series du groupe Attitude : un espace de réflexion engagé
Les Talk Series du groupe Attitude s’imposent désormais comme une véritable plate-forme de réflexion et d’échange sur les grands défis de notre société. Cette initiative illustre l’engagement croissant de l’entreprise dans la construction d’un monde plus bienveillant et inclusif.
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