« L’argent, meilleur allié des femmes »

Natacha Emilien Dr Anouchka Sooriamoorthy Kunda Neill Mr Abrar A Anwar Sharmila Chakowa

Le mardi 11 mars 2025, le Hennessy Park Hôtel à Ébène a accueilli une soirée conférence à l’initiative du Board Of Good (BOG), dans le sillage de la journée de la femme. Cette soirée, généreusement sponsorisée par la Standard Chartered Bank (SCB), a rassemblé quelques 130 invités : membres du BOG, professionnelles du marché de travail des secteurs publics et privés et invités de la SCB.

Sharmila Chakowa, la présidente du BOG, a accueilli les invités de son mot de bienvenue. Elle a ensuite cédé la parole à Safia Timol, Head of conduct, financial crime and compliance de la SCB qui a rappelé l’implication de la banque pour la cause de l’autonomisation et l’émancipation de la femme en règle générale et parlé de leur programme GOAL en collaboration avec Junior Achievement Mascareignes visant à aider les femmes de milieux défavorisés à accélérer leur employabilité via différentes étapes dont entre autres les modules « learn » et « earn ».

La parole a ensuite été donné à Anouchka Sooriamoorthy, Docteur en philosophie sur le thème de l’empowerment au féminin. Anouchka a choisi de l’aborder à travers un prisme très masculin : l’argent.

Anouchka a commencé par rappeler les chiffres effarants de discrimination homme / femme et les fausses croyances de solutions que les femmes pensent avoir : le temps, la loi et l’aide des hommes. Elle a déconstruit une à une ces croyances en rappelant que jamais dans l’histoire, un opprimé a été libéré par son oppresseur, que si on se satisfait de la cadence de l’évolution actuelle, cela prendra 131 ans pour atteindre l’égalité et que les lois, même si elles ont évolué sont imparfaites et injustes tout comme l’humain l’est et le sera toujours. Anouchka a ensuite fait une proposition à l’assemblé de femmes réunies :

« et si, nous faisions de l’argent notre meilleure alliée ? ».

Pour ce faire, elle a analysé la représentation que se faisait l’humain et la société, de l’argent. Une représentation et interprétation très masculine puisque ce sont les hommes qui le détiennent. L’argent est associé à pouvoir, domination, corruption et arrogance. Et si, les femmes décidaient de donner une autre interprétation et utilisation à l’argent ? Il s’agit bien de l’utilisation de cet argent et non de l’argent pour lui-même. Comment les femmes peuvent-elles utiliser l’argent pour s’émanciper ?

Beaucoup de stéréotypes existent autour de la femme et sa relation à l’argent : la femme est trop émotionnelle pour gérer l’argent alors que l’homme est rationnel, la femme aime dépenser en excès et elle est moins compétente à comprendre la technicité des finances en général. Peut-on faire de ces clichés des généralités ?Il est clair également que les banques accorderont moins d’emprunt à la femme sur la base de ce qu’elle gagne c’est-à-dire moins que l’homme et qu’elle aura moins de reconnaissance professionnelle puisqu’elle accorde plus de temps et énergie aux tâches domestiques et associés. Cette charge mentale et physique lui laisse, mathématiquement, moins de temps pour faire de l’argent.

Comment l’argent peut devenir le meilleur allié de la femme ?
L’argent réussit en général tout et son contraire, il construit autant qu’il détruit. C’est l’humain qui décide de ce qu’il en fait. L’argent peut devenir l’allié des femmes si elles décident de ne pas imiter l’homme dans leur utilisation de l’argent, si elles décident de ne pas se cacher derrière l’excuse de l’ignorance puisque tout peut s’apprendre et la femme est aussi compétente à s’en intéresser que l’homme et enfin, si elles décident de viser l’autonomie ; cette autonomie financière qui libèrera leur autonomie physique et mentale en osant penser par elles-mêmes hors de conditionnements et idées préconçues inhérents à leur éducation ‘patriarcale ».

La parole a ensuite été donné à Kunda Neill, Head of Corporate Affairs, branding and Marketing de la SCB qui a coordonné la contribution du public à cette thématique, à Natacha Emilien, fondatrice de BOG qui a rappelé que nous devons accélérer l’action maintenant « soyons acteur du changement » et enfin, à Mr Abrar A Anwar, le CEO de la SCB qui a conclu sur une note encourageante en citant l’exemple du l’essor du Bangladesh, d’où il est originaire et dont 95% de la main d’œuvre est féminine avec une utilisation de l’argent à bonne escient. Il a incité le public à se projeter sur ce que pourrait être une économie avec des compétences féminines : le multi tâches, la ténacité lors d’une négociation, la précision et le focus dans l’exécution pour ne citer que cela…

La soirée s’est poursuivie autour d’une collation où les invités ont pu, de façon détendue, faire connaissance nouant ou renouant des liens tout autant professionnels qu’amicaux. La soirée a pris fin autour de 21h et les invités ont regagné leur domicile en emportant un morceau d’inspiration de cette soirée haut en couleurs.

Le board of good Le BOG est une initiative citoyenne indépendante et à but non lucratif, lancée en juillet 2021 par Natacha Emilien. A la suite de constats alarmants sur la sousreprésentation des femmes dans les conseils d’administration mauriciens, le BOG a pour mission de recenser, donner de la visibilité et une voix aux femmes dirigeantes potentiellement candidates pour siéger aux conseils d’administration d’entreprises et d’organisations à l’île Maurice.