web analytics

Le ministère des Services financiers réunit les acteurs privés autour d’un plan de croissance et de compétitivité pour Maurice

Face à l’urgence de repenser le plan directeur des services financiers, le ministère des Services financiers et de la Planification économique, sous l’impulsion du Dr Jyoti Jeetun, a réuni les acteurs clés du secteur lors d’un atelier consultatif d’envergure à l’Hennessy Park Hotel, à Ébène, le lundi 10 mars 2025.

Plus qu’un simple état des lieux, cette rencontre visait à mobiliser l’intelligence collective pour concevoir des solutions concrètes, dépassant le cadre des défis existants. Le gouverneur de la Banque de Maurice, Dr Rama Sithanen, et le Junior Minister des Finances, Dhaneshwar Damry, ont insisté sur la nécessité d’adopter des politiques audacieuses et visionnaires afin de positionner Maurice comme un hub financier agile, compétitif et digitalisé. Dans un esprit de collaboration, quelque 140 représentants des secteurs public et privé ont engagé des discussions stratégiques pour renforcer l’attractivité du pays et stimuler une croissance économique durable.

« Quoi qu’il advienne, il faudra rebâtir les fondations du pays » , a soutenu d’emblée l’Honorable Dr Jyoti Jeetun. Pour la ministre des Services financiers et de la Planification économique, cela nécessitera un engagement ferme du gouvernement mauricien.

« Le discours-programme ‘Un pont vers l’avenir’ n’est pas une déclaration d’intention. Nous allons le concrétiser, brique par brique, réforme après réforme. Les priorités sont claires, les actions seront précises, et nous avancerons avec pragmatisme. Dans un monde en perpétuel bouleversement – crises financières, changement climatique, révolution technologique – notre force sera notre capacité à innover, à nous adapter, à rebondir. Nous mettons en place une stratégie à long terme, avec des objectifs mesurables et des évaluations rigoureuses pour assurer notre trajectoire. C’est tout l’enjeu de notre travail aujourd’hui.»

Lors de la première table ronde, les discussions ont porté sur les défis majeurs du secteur financier mauricien et les actions nécessaires pour renforcer son attractivité. Parmi les principaux obstacles identifiés figurent l’inefficacité administrative, l’instabilité fiscale, la hausse des coûts d’exploitation,mais aussi un manque de talents qualifiés, d’identité et de visibilité. La transformation numérique insuffisante et la dépendance au dollar américain freinent également la compétitivité du pays. De plus, certaines initiatives, comme les licences de family office, n’ont pas rencontré le succès escompté, tandis que d’autres opportunités, telles que la finance verte et l’enregistrement des navires, restent sous-exploitées.

Pour répondre à ces défis, plusieurs recommandations ont été formulées : accélérer la digitalisation des démarches administratives et les rendre plus efficaces, stabiliser la fiscalité pour offrir un cadre transparent aux investisseurs, encourager la diversification bancaire avec des solutions comme l’open banking et les stablecoins, et structurer un cadre solide pour les investissements durables. Les participants ont aussi fait ressortir que pour développer un centre financier international sophistiqué et innovant, Maurice doit clarifier les marchés qu’elle souhaite cibler et la manière dont elle entend créer de la valeur.

Les taux d’imposition faisaient partie des sujets centraux des discussions. Les intervenants ont cité l’exemple de Londres, seul IFC ayant réussi à intégrer harmonieusement les activités financières domestiques et offshore, ce qui permet la libre circulation des talents entre ces deux segments. Selon eux, la nécessité d’établir des objectifs clairs et une vision à long terme pour le secteur doit être une priorité absolue.

L’Afrique et les investissements sur le continent africain ont également été au cœur des débats. Les participants ont souligné l’importance de tirer parti des accords transfrontaliers, à l’image de la Zone de libre-échange continentale africaine. Ils ont recommandé d’attirer les grands noms des family offices, des sociétés de capital-investissement, des institutions de financement du développement et des marques prestigieuses qui pourraient aider à positionner Maurice comme destination privilégiée pour la gestion de patrimoine privé.

Mieux communiquer sur nos atouts
La deuxième table ronde était axée sur les obstacles du Mauritius International Financial Centre (Mauritius IFC) à améliorer son image sur la scène internationale et son repositionnement. Les participants ont comparé Maurice à d’autres centres financiers internationaux qui, bien que discrets, sont reconnus pour leur environnement favorable aux affaires et leur faible bureaucratie. Les discussions ont aussi porté sur la façon dont le pays peut renforcer son rôle de pont entre l’Asie, l’Inde et l’Afrique. S’inspirant du modèle singapourien, les participants ont souligné l’importance de construire des relations solides avec toutes les parties prenantes et d’améliorer les interactions avec les régulateurs pour résoudre efficacement les problèmes.

En outre, l’image du pays à l’international souffre d’une couverture médiatique souvent axée sur des controverses, comme l’affaire Chagos, plutôt que sur ses atouts financiers. L’absence de positionnement clair et attractif par rapport aux centres financiers concurrents limite également sa visibilité et son attractivité.

Pour remédier à ces défis, plusieurs actions sont à envisager. La structuration d’une équipe dédiée et le renforcement de la gouvernance sont essentiels pour assurer le suivi et la mise en œuvre de réformes adéquates. Il est également crucial de réduire la bureaucratie en adoptant des standards internationaux de régulation et en s’inspirant des meilleures pratiques des régulateurs mondiaux.

Le repositionnement du Mauritius IFC passe également par une communication plus claire et cohérente, mettant en avant ses atouts clés : stabilité politique, fuseau horaire avantageux et cadre juridique solide. Enfin, l’amélioration de l’expérience des investisseurs est cruciale. Celle-ci implique une simplification des démarches administratives, un renforcement du cadre réglementaire, ainsi que la garantie d’une stabilité fiscale et législative. En mettant en œuvre ces actions stratégiques, le Mauritius IFC pourrait améliorer significativement son image et renforcer sa position sur la scène financière internationale. La création d’une agence dédiée, calquée sur le modèle de la Financial Services Promotion Agency (FSPA), a aussi été évoquée par les partenaires du secteur.

Rapatrier nos talents expatriés
Enfin, le troisième panel a fait état d’un manque de ressources qualifiées, notamment dans le secteur des services financiers. De nombreuses entreprises internationales s’interrogent en effet sur les qualifications disponibles dans le marché du travail mauricien avant de s’implanter sur l’île. Or, des écarts significatifs existent entre les compétences disponibles et les besoins du marché, notamment dans des domaines clés comme la comptabilité, la fiscalité, la conformité, la gestion de fonds et la fintech.

Selon les intervenants, l’un des problèmes sous-jacents est l’inadéquation entre l’éducation et les exigences du marché du travail. Le système éducatif évolue plus lentement que les besoins des entreprises, et les jeunes diplômés doivent souvent s’adapter eux-mêmes à un environnement en perpétuelle mutation. De plus, l’éducation traditionnelle met davantage l’accent sur la compétition individuelle, alors que le monde du travail exige collaboration et esprit d’équipe.

Par ailleurs, un défi majeur réside dans l’adoption des nouvelles technologies pour accompagner l’apprentissage et le développement professionnel.L’exode des talents (brain drain) est une autre préoccupation majeure. Ce phénomène, qui a débuté dans les années 1990 avec la transition de Maurice vers une économie axée sur les compétences, s’est accentué ces dernières années en raison de plusieurs facteurs : baisse du niveau de l’éducation, manque de planification stratégique en matière de capacités, et inadéquation entre l’offre et la demande de compétences. La crise COVID-19 a encore aggravé la situation, incitant de nombreux professionnels hautement qualifiés à s’expatrier vers des destinations comme le Luxembourg, la Suisse ou Dubaï, souvent pour des raisons économiques et de qualité de vie.

Attirer et retenir les talents locaux, ainsi que la diaspora mauricienne, nécessite une refonte de l’approche éducative et professionnelle. La mise en place d’un programme pour rapatrier les talents expatriés, de même qu’une meilleure coordination entre les institutions publiques et privées, ont également été préconisées. Il est essentiel de renforcer les liens entre l’industrie et les institutions académiques, d’intégrer la technologie dans la formation continue et de proposer un environnement de travail aligné sur les attentes des nouvelles générations, notamment en matière d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Une transformation culturelle et organisationnelle doit être amorcée pour assurer un développement économique durable et maintenir la compétitivité de Maurice en tant que plateforme financière internationale pertinente et attractive.

Dr Rama Sithanen


Dr Rama Sithanen, gouverneur de la Banque de Maurice :

« Il est impératif d’adopter des politiques audacieuses et visionnaires, alignées sur l’intérêt national »
« Maurice est reconnue pour son expérience approfondie, ses compétences et son savoir-faire dans l’accompagnement des investisseurs internationaux, des gestionnaires de patrimoine et des porteurs de capitaux. L’adoption de la digitalisation est cruciale pour simplifier les processus réglementaires et surmonter les lourdeurs administratives. L’intégration des technologies disruptives doit être exploitée pour renforcer la croissance et la compétitivité à l’échelle mondiale. Les technologies, notamment l’intelligence artificielle, la blockchain et la fintech, sont identifiées comme des moteurs essentiels de croissance et d’efficacité à venir. »

Dhaneshwar Damry


Dhaneshwar Damry, Junior Minister des Finances :
« Maurice doit se positionner comme un hub financier dynamique et digitalisé »
Le principal défi, a affirmé d’emblée le Junior Minister des Finances, l’Honorable Dhaneshwar Damry, réside dans la remise en question du statu quo.

« Nous avons besoin d’une évaluation franche et transparente de l’industrie financière à Maurice », a-t-il souligné, réitérant l’engagement du gouvernement à faire évoluer le secteur en simplifiant les processus et en améliorant l’environnement des affaires. « Concernant le secteur des affaires internationales, la réactivité des régulateurs doit être optimisée pour éviter la perte d’opportunités face à des concurrents comme Singapour et Malte. Il est également essentiel de développer de nouveaux produits financiers et de diversifier les marchés cibles, tout en modernisant les politiques internationales afin de consolider la position de Maurice comme centre financier stratégique pour l’Afrique. »

English Resume
A major workshop, convened by Mauritius’ Minister of Financial Services and Economic Planning, Dr Jyoti Jeetun, on March 10th, 2025, addressed urgent reforms to the country’s financial services master plan.

Attendees, including the Governor of the Bank of Mauritius and the Junior Minister of Finance, emphasized bold, forward-thinking policies to establish Mauritius as a competitive, digital financial hub.

Discussions focused on overcoming challenges like administrative inefficiency, fiscal instability, talent shortages, and insufficient digital transformation.

Recommendations included accelerating digitalization, stabilizing taxation, encouraging banking diversification, and strengthening sustainable investment frameworks.

Further priorities were enhancing international image, attracting high-net-worth individuals and firms, and addressing skills gaps through educational reform and talent repatriation.

Articles connexes

[Vidéo News] Message de Navin Ramgoolam pour le 12 mars 2025
  • mars 13, 2025

Le Premier Ministre s’est adressé à la population mauricienne d’ici et d’ailleurs sur la première chaine nationale de télévision pour son message dans le cadre des célébrations du 57e anniversaire…

Lire la suite / Read more

Fête du court métrage à Maurice
  • mars 13, 2025

En partenariat avec la Fête du court métrage qui se déroule chaque année en mars, l’Institut français de Maurice propose une journée de projection le samedi 22 mars à partir…

Lire la suite / Read more

A l'officiel

[Vidéo News] Message de Navin Ramgoolam pour le 12 mars 2025

  • mars 13, 2025
[Vidéo News] Message de Navin Ramgoolam pour le 12 mars 2025

Le ministère des Services financiers réunit les acteurs privés autour d’un plan de croissance et de compétitivité pour Maurice

  • mars 13, 2025
Le ministère des Services financiers réunit les acteurs privés autour d’un plan de croissance et de compétitivité pour Maurice

[Document] La liste des décorés du 12 mars 2025

  • mars 12, 2025
[Document] La liste des décorés du 12 mars 2025

Narendra Modi fait GCSK

  • mars 11, 2025
Narendra Modi fait GCSK

Narendra Modi est arrivé à Maurice

  • mars 11, 2025
Narendra Modi est arrivé à Maurice

Lutte contre l’usage illégal de l’eau

  • mars 8, 2025
Lutte contre l’usage illégal de l’eau
Verified by MonsterInsights