Le Candlelight mettra en lumière la hausse dans la contamination

AIDS Candlelight Memorial 2025

44 % de hausse dans les nouveaux cas en une année en 2024. La situation touchant au VIH est des plus inquiétantes. Prévu le 18 mai au Caudan Waterfront, l’International AIDS Candlelight Memorial attirera l’attention sur les urgences de la lutte.

L’événement sera observé dans plus de 110 pays le même jour. À Maurice, cette vingtième édition verra la participation des artistes comme Blakkayo, Saaya, Richard Beaugendre et Vwayel. Le public, les personnalités politiques du pays, des mouvements de jeunes, des personnes engagées seront présents dès 17h30 à Port-Louis. À la lueur des bougies et dans une ambiance solennelle, ils rendront hommage aux personnes décédées et aux personnes infectées et affectées. Cet événement est organisé par un collectif d’ONG.

« Je n’aurais jamais pensé que la situation deviendrait aussi inquiétante après tout ce temps », dit Nicolas Ritter, fondateur de l’ONG PILS en se référant aux chiffres présentés par le ministre de la Santé, Anil Bachoo au Parlement. Il rappelle qu’en 2024, les 549 cas enregistrés représentent une hausse de 44 % relativement à 2023. C’est en 2010 que Maurice avait enregistré plus de 500 cas. Selon les données rendues publiques par le ministre, 50 % de ces nouvelles infections ont été occasionnées lors de rapports sexuels non protégés entre hétérosexuels. 45 % concernent les usagers de drogues par voie intraveineuse. Ces nouvelles infections sont surtout observées chez les jeunes hétérosexuels de 24 à 34 ans.

Intervenant face à la presse, Nicolas Ritter impute cette situation à un manque de coordination dans la lutte et à la manière dont la lutte avait été démantelée sous l’ère d’Anil Gayan. « Mais nous ne pensions pas que les conséquences auraient été aussi graves », dit Nicolas Ritter qui avait été de ceux qui s’étaient opposés aux mesures prises par le ministre de la Santé de l’époque contre la méthadone, la prévention et autres programmes de lutte.

D’où l’appel de Nicolas Ritter pour que dans les nouvelles mesures qui se mettent en place, le gouvernement travaille sur un cadre qui veille à ce que la réponse soit plus efficace afin d’inverser cette tendance. Avec une prévalence de 1,5 %, Maurice compte le double de la prévalence mondiale et le taux local est six fois supérieur à la moyenne européenne, par exemple.

À ses côtés pour marquer le Candlelight 2025, les activistes réunis au sein des ONG AILES, Centre de Solidarité, Chrysalide, Collectif Arc-en-Ciel, Coalition Plus, Collectif Urgence Toxida, DRIP, Eco-Sud, LakazA, PILS et Young Queer Alliance. Ragini Runghen, du Groupe A, a ainsi rappelé que cette démarche de sensibilisation et de commémoration est collective. Cette action est soutenue par le ministère de la Santé, de même que par le Caudan Waterfront et les agences Rent a Sign et Alliance Media. Jamie Cartick, de CUT, précise que des mobilisations régionales ont aussi été faites à Bambous à travers Chrysalide, de même qu’à Baie du Cap et Bambous où les forces vives ont organisé le transport des habitants vers Port-Louis pour marquer le Candlelight.

Ase Silans, Ase Zize, Ase Ignorans
Élodie Sanassee de PILS explique que le thème de la cérémonie à Maurice a été décidé par les pairs éducateurs en fonction des réalités vécues par les personnes vivant avec le VIH. Ase Silans, Ase Zize, Ase Ignorans, parce que le silence, le jugement et l’ignorance permettent au virus de se propager et contribuent à la violation des droits des individus en société et au sein des institutions.

Comme récemment mentionné dans le rapport d’étude Stigma Index publié par PILS, de nombreux Mauriciens et Rodriguais subissent toujours la stigmatisation et la discrimination du fait qu’ils vivent avec le VIH. Ils sont victimes de violence, de rejet, de palabres entre autres. Plusieurs sont aussi privés des soins adaptés quand ils se rendent dans les centres de santé.

Basheerah Jamaloodeen, psychologue chez Chrysalide, a cité le cas d’une des résidentes de ce centre pour femmes qui n’a pas été admise pour des soins parce qu’elle est séropositive. En dépit d’un sérieux problème au pied, elle est contrainte de voyager quotidiennement pour l’hôpital. Tout autre patient aurait été pleinement pris en charge par le service hospitalier.

Blakkayo, Saaya, Richard Beaugendre et Vwayel replaceront quelques-uns de leurs titres dans le contexte du rassemblement du 18 mai. Une animation musicale de circonstance qui sera entrecoupée de quelques discours, mais avant tout de témoignages.

Comme chaque année depuis vingt ans, à la lueur des bougies, on rendra ensuite hommage aux personnes décédées des causes liées au VIH. À Maurice, ils sont une centaine annuellement malgré le fait que le traitement peut permettre aux personnes infectées de mener une vie normale et de ne pas transmettre le VIH.