
Si l’Afrique est le continent de l’avenir, pourquoi est-ce si compliqué de tirer avantage des opportunités commerciales qu’offre le continent ? Jessen Coolen, Economic Research Lead à la MCB et son collègue Arnaud Levasseur, Vice-Président, Global Trade Solutions, tentent de répondre à cette question dans le dernier épisode du podcast MCB Talk.
Français
Les deux experts sont les auteurs d’un rapport MCB récemment lancé sur le commerce avec l’Afrique qui se veut être un document exhaustif sur le potentiel commercial et les opportunités qu’offre l’Afrique. Pour eux, le véritable potentiel du continent africain se trouve dans le commerce intra-africain. Ce sujet a également été débattu lors de la 3e édition de la MCB Trade Week qui s’est tenue du 5 au 8 mai 2025.
La contribution de l’Afrique au commerce mondial ne dépasse pas 4 % actuellement, le commerce intra-africain représentant 16 % de ce chiffre. Alors que le commerce intraeuropéen représente 70 % du commerce total de l’Europe et que le commerce intra-asiatique représente 60 % du commerce total de l’Asie.
Pour Jessen Coolen, une grande partie du problème réside dans le manque de connectivité et de communication entre les pays du continent, une situation qui remonte à l’époque coloniale. Ce manque d’information et de communication a donné lieu à une mauvaise perception de l’Afrique, amplifiant les risques et sous-estimant les opportunités, a-t-il ajouté.
Exemple concret : bien que les chiffres parlent d’eux-mêmes— 40 % de l’Afrique subsaharienne est classée comme fragile ou affectée par des conflits, et il y a eu 11 coups d’État ou tentatives de coups d’État depuis 2020—il est également vrai que le taux de défaut sur les prêts d’infrastructure pour l’Afrique est de 1,9 %, tandis qu’en Amérique du Nord, il est de 6,6 %, de 10 % en Amérique latine et de 12 % en Europe.
Fort de son expérience terrain en termes de solutions de financement taillées sur mesure pour des clients dans plusieurs pays africains, Arnaud Levasseur affirme que ce n’est que lorsque l’on a les bonnes données que l’on peut gérer les risques inhérents au commerce avec l’Afrique.
Les auteurs du rapport affirment également que l’expertise de la MCB en Afrique fait d’elle le partenaire idéal pour les entreprises mauriciennes et africaines cherchant à faire du commerce avec et au sein du continent. Ils ajoutent que davantage de commerce stimulera les infrastructures de transport– actuellement très pauvres et bloquant le commerce, tandis que des politiques commerciales harmonisées pourraient augmenter le commerce intraafricain de 52 %.
L’insistance sur le commerce, en particulier le commerce intra-africain, va dans le droit fil d’une ambition pour une Afrique autosuffisante plutôt qu’une Afrique dépendante. Bien que le continent africain se soit jusqu’ici principalement focalisé sur l’exportation de matières premières et de l’importation de produits manufacturés finaux, les auteurs du rapport affirment qu’il est temps de changer de cap et de passer à un commerce qui favorise l’industrialisation.
Anglais
If Africa is the continent of the future, why is it so hard to do business with it and tap into its potential? Jessen Coolen, Economic Research Lead at MCB, and Arnaud Levasseur, the bank’s Vice President of Global Trade Solutions, attempt to answer this question in the latest episode of the podcast MCB Talk.
The two experts are the authors of a recently launched MCB report on trade with Africa, a comprehensive attempt to identify Africa’s potential trade potential and opportunities. For them, Africa’s true potential lies in trading with itself. This topic was also part of the conversation throughout the 3rd edition of the MCB Trade Week held from 5 to 8 April 2025.
Africa currently contributes less than 4% of world trade, with intra-African trade accounting for only 16% of that number. Compare this to intra-European trade, which makes up 70% of Europe’s total trade, while intra-Asian trade makes up 60% of total Asian trade.
For Jessen Coolen, much of the problem resides in a profound lack of connectivity and communication between African countries dating back to colonial times. The lack of information has given rise to the wrong perception of Africa, he says, amplifying the risks and understating the opportunities.
Point in case: while the figures speak for themselves—40 % of sub-Saharan Africa is classified as either fragile or conflict-affected, and there have been 11 coups or attempted coups since 2020—the following is also true: the default rate on infrastructure loans for Africa is 1.9%, whereas in North America, it’s 6.6%, 10% in Latin America, and 12% in Europe.
Arnaud Levasseur, whose on-the-ground knowledge of African countries has grown exponentially these past few years, crafting tailor-made trade finance solutions for clients all over the continent, says that it’s only when one has all relevant information that one can navigate the risks.
The report’s authors also say that MCB’s intimate knowledge of Africa makes the bank the right partner for Mauritian and African businesses looking to trade with and within Africa. They add that transport infrastructure, currently sorely lacking, will be boosted by more trade and help unblock trade. Harmonised trade policies were also cited as an element that could boost intra-African trade by as much as 52%.
The insistence on trade, particularly infra-African trade, serves a narrative in which Africa shifts from dependency to self-sufficiency. Although Africa has primarily been concerned with exports of primary commodities and imports of final manufactured commodities, the report’s authors say it’s time to shift gears and move to trade that gives rise to industrialisation.