
La fin d’un chapitre historique marque aujourd’hui (22 mai 2025) après des décennies de revendication et de lutte pour la souveraineté de l’archipel des Chagos, Maurice a retrouvé sa souveraineté sur ces îles.
Ce n’est plus un combat, mais le début d’une nouvelle ère : celle de la réhabilitation et de la reconstruction. Nous avons désormais les moyens et les ressources nécessaires, grâce à l’accord signé, pour remettre l’archipel sur la voie de la prospérité, de la justice et de la dignité.
Les ressources et les moyens dont nous disposerons aujourd’hui, grâce à cet accord, nous permettent de commencer une nouvelle phase de réhabilitation et de reconstruction.
En contrepartie de la restitution de l’archipel, le Royaume-Uni continue d’exercer des droits souverains sur l’île de Diego Garcia, qui abrite une base militaire stratégique des États-Unis.
Donc, la décolonisation du continent africain n’est pas complète.
Je suis convaincu qu’après la résolution des Nations Unies après le “ advisory opinion” de la Cour Internationale de la Haye, nous aurions dû continuer notre combat sur le plan multilatéral avec l’Union Africaine, l’Inde et les pays amis. Les termes d’un accord auraient été différent.
Cependant, une compensation annuelle de 165 millions de livres sterling, dans le cadre d’un Strategic Partnership Agreement et d’un Trust Fund, sera versée à Maurice. Bien que ce montant soit considérable, il reste une compensation liée aux enjeux géopolitiques et ne saurait effacer les années de souffrance des Chagossiens.
Le combat des Chagossiens a été le moteur de cette lutte. Ce sont eux, ceux qui ont été déracinés, qui ont porté cette cause avec détermination. Nelson Mandela les avait appelés « les palestiniens de l’Océan Indien ». Leur combat a été porté par des hommes et des femmes, notamment les femmes chagossiennes, qui ont été les porte-paroles d’une souffrance insupportable, mais aussi les défenseuses d’un droit fondamental : celui de retourner chez elles. Leur voix est l’écho de cette lutte et leur détermination incarne la véritable essence de cette victoire. Le Jardin de la Compagnie resonne encore de leur cri. Les combattants chagossiens, qui ont sacrifié tant pour leur terre, pour leur communauté et pour leur droit au retour, doivent également être honorés.
L’accord nous offre une opportunité sans précédent pour établir un cadre solide qui permette de traiter les injustices subies par les Chagossiens, de garantir leur retour et de reconstruire l’archipel selon des principes de respect des droits humains et de développement durable. C’est maintenant le moment de rétablir les priorités, de réconcilier l’histoire et de tourner la page sur des années de souffrances et d’exil forcé.
Les priorités doivent désormais être claires. Nous devons concentrer nos efforts sur la réinstallation des Chagossiens dans leur terre natale, la création d’un environnement où leur dignité et leurs droits seront respectés, et la reconstruction d’une société résiliente, inclusive et prospère. Ce n’est qu’en agissant dans cette direction que nous honorerons les sacrifices de ceux qui ont lutté pour la souveraineté et pour leur droit au retour.
Les leaders politiques de Maurice, qui ont porté ce dossier avec conviction, méritent d’être salués. Les Premiers Ministres successifs, tout au long de ce combat, ont tenu haut les couleurs de notre nation, ont plaidé avec force pour que la question des Chagos ne soit pas oubliée et ont fait entendre la voix de Maurice dans les forums internationaux. L’engagement de Sir Anerood Jugnauth a été exemplaire.
Ce combat, porté par les Chagossiens et les leaders politiques mauriciens, doit continuer à être mené avec détermination. Nous devons être clairs : ce n’est pas une ligne budgétaire supplémentaire ou un simple dossier administratif. C’est une question de justice, de dignité humaine et de réconciliation. L’histoire des Chagos ne doit pas être oubliée, et cette question doit rester au cœur de notre action.
L’Océan Indien, aujourd’hui au centre de rivalités géopolitiques majeures, place Maurice dans une position complexe. Maurice doit affirmer sa voix sur la scène internationale, non pas comme une spectatrice, mais comme une nation souveraine, forte et déterminée à défendre ses intérêts dans la région de l’Indo-Pacifique.
C’est pourquoi nous appelons à la création d’un forum des nations de l’océan Indien, où Maurice pourra parler d’une voix forte et défendre ses intérêts stratégiques, à l’heure où la région devient un carrefour de puissances mondiales. Ce forum sera une plateforme pour assurer la coopération régionale et faire en sorte que Maurice prenne sa place en tant que leader dans cette région cruciale.
L’avenir de l’archipel des Chagos, la souveraineté retrouvée de Maurice et le droit des Chagossiens au retour et à la réparation se forgent aujourd’hui. Ce combat ne doit pas être oublié. Il se poursuit avec audace, détermination et engagement.
Nando Bodha
23 Mai 2025
Today marks the **end of a historic chapter** after decades of claims and struggle for the sovereignty of the Chagos Archipelago; Mauritius has regained its sovereignty over these islands.
This is no longer a battle, but the **beginning of a new era**: one of rehabilitation and reconstruction. Thanks to the signed agreement, we now have the necessary means and resources to put the archipelago back on the path to prosperity, justice, and dignity. The resources and means at our disposal today, thanks to this agreement, allow us to begin a new phase of rehabilitation and reconstruction.
In return for the restitution of the archipelago, the United Kingdom continues to exercise sovereign rights over Diego Garcia, which houses a strategic US military base.
**Therefore, the decolonization of the African continent is not complete.**
I am convinced that after the United Nations resolution following the « advisory opinion » of the International Court of Justice in The Hague, we should have continued our fight on the multilateral level with the African Union, India, and friendly countries. The terms of an agreement would have been different.
However, an annual compensation of **165 million British pounds**, as part of a Strategic Partnership Agreement and a Trust Fund, will be paid to Mauritius. While this amount is considerable, it remains compensation linked to geopolitical stakes and cannot erase the years of suffering of the Chagossians.
The **Chagossians’ struggle was the driving force** behind this fight. It was they, those who were uprooted, who carried this cause with determination. Nelson Mandela called them « the Palestinians of the Indian Ocean. » Their struggle was carried by men and women, particularly Chagossian women, who were the spokespeople for unbearable suffering, but also the defenders of a fundamental right: that of returning home. Their voice echoes this struggle, and their determination embodies the true essence of this victory. The Company’s Garden still resonates with their cry. The Chagossian fighters, who sacrificed so much for their land, for their community, and for their right of return, must also be honored.
The agreement offers us an unprecedented opportunity to establish a solid framework to address the injustices suffered by the Chagossians, guarantee their return, and rebuild the archipelago according to principles of respect for human rights and sustainable development. Now is the time to re-establish priorities, reconcile history, and turn the page on years of suffering and forced exile.
The priorities must now be clear. We must focus our efforts on the **resettlement of the Chagossians in their homeland**, the creation of an environment where their dignity and rights will be respected, and the reconstruction of a resilient, inclusive, and prosperous society. Only by acting in this direction will we honor the sacrifices of those who fought for sovereignty and for their right of return.
The political leaders of Mauritius, who have handled this matter with conviction, deserve to be commended. Successive Prime Ministers, throughout this struggle, have upheld the colors of our nation, strongly pleaded that the Chagos issue not be forgotten, and made Mauritius’ voice heard in international forums. Sir Anerood Jugnauth’s commitment was exemplary.
This fight, carried by the Chagossians and Mauritian political leaders, must continue to be waged with determination. We must be clear: this is not an additional budget line or a simple administrative file. It is a matter of **justice, human dignity, and reconciliation**. The history of the Chagos must not be forgotten, and this issue must remain at the heart of our action.
The Indian Ocean, now at the center of major geopolitical rivalries, places Mauritius in a complex position. Mauritius must assert its voice on the international stage, not as a spectator, but as a sovereign nation, strong and determined to defend its interests in the Indo-Pacific region.
That is why we call for the creation of a **forum of Indian Ocean nations**, where Mauritius can speak with a strong voice and defend its strategic interests, at a time when the region is becoming a crossroads of global powers. This forum will be a platform to ensure regional cooperation and ensure that Mauritius takes its place as a leader in this crucial region.
The future of the Chagos Archipelago, Mauritius’ regained sovereignty, and the Chagossians’ right to return and reparation are being forged today. This fight must not be forgotten. It continues with audacity, determination, and commitment.