[Vidéo News]Retour des Chagos : la reconnaissance d’un drame humain et d’un crime historique

« Rien ne réparera ce que nous avons subi - mais notre combat continue pour les droits de chaque Chagossien »

Le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) salue avec solennité et émotion la signature de l’accord confirmant le retour de l’archipel des Chagos à la République de Maurice.

Le GRC est en train d’examiner les détails de l’accord signé et se réserve le droit de revenir avec des commentaires plus précis si nécessaire.

Voici cependant une première déclaration.
Ce moment n’est pas une célébration politique – c’est avant tout la reconnaissance d’un drame humain, d’un acte de dépossession systémique, d’un exil forcé qui constitue un crime historique, et pour les Chagossiens, un crime contre l’humanité.

Cet accord fait suite à plus d’un demi-siècle de combat porté par les Chagossiens eux-mêmes. Ils ont été seuls pendant des décennies, dans l’indifférence et l’oubli, avant que la communauté internationale et les États concernés ont enfin commencé à écouter cette voix.

« Ce jour est un jour de mémoire et de responsabilité. Rien n’effacera ce que notre peuple a subi. Mais nous sommes toujours debout – et nous continuerons à défendre chaque Chagossien, qu’il vive à Maurice, aux Seychelles, au Royaume-Uni ou ailleurs. Et nous n’oublierons jamais que les premières résistantes furent nos mères chagossiennes », déclare Olivier Bancoult, président du GRC.

Un dernier recours judiciaire, intenté par deux personnes d’origine chagossienne résidant au Royaume-Uni, a tenté de bloquer ce processus jeudi dernier. Le GRC tient à exprimer sa compréhension face à leur douleur individuelle, mais réaffirme clairement que ces voix ne représentent pas la majorité.

« La majorité des Chagossiens nés sur les îles, et leurs descendants, nous ont donné un mandat clair. En octobre dernier, plus de 300 personnes – dont 190 natifs – s’étaient réunies à Maurice pour soutenir le principe du retour sous souveraineté mauricienne, avec une exigence : protéger les droits de chacun. Cela a été suivi par une Assemblée Générale qui s’est tenue le 26 avril de cette année, au cours de laquelle plus de 500 Chagossiens nous ont donné le même mandat », explique Olivier Bancoult.

Le Groupe Réfugiés Chagos appelle désormais à passer à l’étape suivante : la mise en œuvre des droits des Chagossiens dans le respect de leur histoire et de leur dignité. Les priorités exprimées par la communauté sont claires et restent les mêmes :
• Urgence pour les natifs chagossiens :
le plus âgé aura 100 ans dans quelques mois ; le plus jeune né à Peros Banhos en a 52. Il faut agir pour qu’ils puissent revoir leur terre et bénéficier de réparations concrètes.
• Plan de réparation et de soutien pour les natifs et leurs héritiers. • Participation active des Chagossiens à la gouvernance future de l’archipel, dans un modèle inspiré de Rodrigues.
• Dialogue renforcé avec les communautés dispersées dans l’océan Indien et au-delà.

Concernant Diego Garcia, le GRC note que des travailleurs philippins ou bangladais y vivent actuellement. Il est donc inacceptable que les natifs chagossiens en soient toujours exclus. Le groupe continuera à revendiquer le droit de vivre à Diego Garcia, tout en acceptant, dans l’immédiat, un droit de visite, compte tenu de l’urgence liée à l’âge avancé des natifs.

« Ce retour marque la fin de l’occupation coloniale. Mais il ne doit pas être l’ouverture d’un nouveau silence. Maintenant, en plus de la souveraineté de Maurice, il faut garantir les droits des Chagossiens, la mémoire, la justice, et surtout l’avenir », conclut Olivier Bancoult.

Le GRC remercie chaleureusement les autorités mauriciennes qui ont rejoint cette lutte portée d’abord par les Chagossiens seuls. Le CRG remercie également les nombreuses personnes qui ont, au fil des années, apporté leur soutien aux Chagossiens, avec une pensée particulière pour celles qui ne sont plus parmi nous.`Le combat continue – pour l’équité, la justice et la dignité de tous.