
Les 23 et 24 mai 2025, à la House of Digital Art à Port-Louis, est né le Festival du Vivant, format inédit à la croisée de la science, de l’art et de l’écologie.
Au cœur de l’océan Indien, artistes, penseurs, scientifiques, citoyens, associations se sont rencontrés autour d’un des plus grands défis de notre temps : réfléchir ensemble à des solutions pour la préservation de la biodiversité.
Au travers de cette initiative conjointe du Groupe Rogers, de la House of Digital Art et d’Odysseo, il s’agissait avant tout de vulgariser ce qu’est et représente la biodiversité, à quoi elle sert, comment chaque forme de vie a sa place dans les écosystèmes et comment tout est finalement lié – du plus petit microbe à la plus majestueuse des montagnes.
Une invitation à regarder sans déni les bouleversements auxquels cette biodiversité fait face et de voir comment, nous, êtres humains, pouvons agir à notre manière, à notre échelle.
Crise de la biodiversité, une réalité alarmante
Dans un contexte mondial marqué par l’effondrement accéléré de la biodiversité — l’une des limites planétaires déjà franchies — et à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3), prévue en juin 2025 à Nice, le Festival du Vivant est une invitation à tous pour s’engager.
La biodiversité, selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), désigne « la variété des formes de vie sur Terre, incluant la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes ». Elle constitue la base de nos systèmes alimentaires, de notre santé, de notre économie et de notre bien-être collectif.
Aujourd’hui, 6 des 9 limites planétaires ont été franchies (Stockholm Resilience Centre, 2023). Ces limites représentent les seuils environnementaux à ne pas dépasser pour garantir un environnement sûr et stable pour l’humanité. L’érosion de la biodiversité est l’une des plus critiques car elle est irréversible.
Chaque année, près d’un million d’espèces risquent l’extinction à l’échelle mondiale (IPBES). À Maurice, 89 % des espèces végétales endémiques sont menacées. La pression sur les écosystèmes s’intensifie avec l’artificialisation des sols, les produits chimiques, la pollution plastique et la surpêche.
Face à ce constat, le Festival du Vivant se voulait un moteur de sensibilisation et de mobilisation du grand public, en rendant perceptible notre interdépendance avec le vivant. À travers l’art, les sciences, l’éducation et les échanges citoyens, il a offert un espace où émotions, récits et actions convergent pour repenser notre rapport au monde.
Parler du vivant, c’était le premier pas vers la sensibilisation et l’éveil des consciences est de comprendre à quel point toutes les vies sur Terre sont connectées et interdépendantes.
La philosophie, pour poser les bases d’un éveil collectif
Le mot festival signifie étymologiquement « jour de fête ». Anouchka Sooriamoorthy, philosophe qui a introduit le festival, s’est interrogée : de quoi se réjouit-on ? S’il y a fête, celle-ci lui semble pourtant empreinte d’amertume — car en célébrant le vivant, c’est sa disparition que l’on tente désespérément d’empêcher. Elle a dressé un constat lucide et douloureux : celui de l’indifférence et de l’inaction qui dominent face à l’urgence écologique.
À force d’avoir érigé du béton et le plastique en modèles de progrès, l’humanité s’est enfermée dans un monde privé d’imagination, de nouveauté et de souffle vital. À la fin du festival, son constat était le suivant : l’amertume avait laissé place, non à un optimisme naïf, mais à la conviction profonde que l’action reste possible, et que la force des rencontres et du collectif peuvent permettre un réel élan.
Deux journées pour célébrer le vivant et réfléchir aux futurs possibles
Durant deux journées rythmées par des Symposiums, des Conversations Vivantes, des BioLab, des rencontres associatives au village du vivant et des performances d’Arts Vivants et numériques (musique, slam, contes, expériences d’art numériques), les publics ont répondu présents. Une affluence heureuse et curieuse. Des centaines de personnes, toutes générations confondues, se sont déplacées dans la capitale pour découvrir la richesse et les enjeux de notre faune et de notre flore indianocéanique, où tout est interconnecté pour permettre la vie sur terre : les forêts, les sols, les arbres, les insectes, les océans, les coraux, nos savoir-faire et traditions musicales, artistiques et culturelles.
Ce festival gratuit pour tous a permis de fédérer les gens, les idées, les initiatives à l’échelle locale ou régionale, telles que celles portées par le collectif réunionnais « La route des plantes, le chant des forêts », qui s’est déplacé pour l’occasion.
Au total, près d’une cinquantaine d’intervenants et d’associations étaient présents lors du Festival, plus particulièrement dans le Village du Vivant. D’Ebony Forest, en passant par la Mauritian Wildlife Foundation à Nature Yetu, les festivaliers ont pu, dans un bel espace ouvert et vivant, découvrir une diversité d’initiatives en faveur de la préservation de notre environnement, et repartir avec des exemples concrets d’initiatives à faire chez soi, ou en s’engageant auprès des ONG présentes.
Le Festival a également pu compter sur trois autres partenaires lors de cet événement. L’Institut Français de Maurice (IFM) a proposé des expériences en réalité virtuelle permettant d’explorer les fonds marins à travers deux œuvres immersives. Filou Moris a contribué à l’ambiance avec une sélection de musiques patrimoniales, célébrant le riche héritage musical des îles de la région. Enfin, la MBC Radio a animé des émissions en direct, donnant la parole à de nombreux intervenants — scientifiques, artistes et penseurs — autour des thématiques clés portées par le Festival du Vivant, touchant ainsi une audience mauricienne plus large.
Ce qu’ils en ont pensé…
« Dès le départ, nous avons pensé le Festival du Vivant comme étant plus qu’un événement. Nous souhaitions qu’il soit, pour tous, un véritable éveil – et je crois que le pari est réussi. Je retiens que la réflexion collective amène des solutions réalistes et justes, et nous montre que l’on peut changer de paradigme. Individuellement, on ne peut continuer à fermer les yeux et accepter que la vie nous traverse sans qu’on l’ait vu passer et sans qu’on ait agi face à sa dégradation. On a tous un rôle à jouer à notre échelle. La nature a beaucoup à nous partager et à nous apprendre pour améliorer notre relation au monde afin que puisse foisonner la vie le plus longtemps possible sur cette terre. Les artistes, les scientifiques, les penseurs, les citoyens nous ont amenés à penser notre lien à l’alimentation, à la terre, à la mer, à l’autre, aux savoirs et aux pratiques – avec des exemples qui nous ont montré concrètement comment prendre soin de la biodiversité peut amener à des petits miracles. Et comment, nous, acteurs collectifs ou individuels, pouvons imaginer des futurs possibles.
En tous les cas, ce festival, un projet que tient à coeur toute l’équipe de la House of Digital Art, nous a offert du temps…ensemble … pour la rencontre, pour la conversation, pour la réflexion. La qualité et la portée de ces rencontres sont difficilement mesurables. Comment mesure-t-on la puissance de l’espoir ?», nous partage Astrid Dalais, Fondatrice de la House of Digital Art.
« En initiant le Festival du Vivant, le Groupe Rogers portait une ambition claire : repenser notre lien au vivant, en croisant l’art, la science et les regards pluriels de notre société. Ce rendez-vous inédit a rassemblé artistes, scientifiques, citoyens et institutions autour d’une cause commune : la préservation de la biodiversité.
En s’appuyant sur les faits scientifiques, les apports de l’art et les regards de la société civile, le festival ouvert à tous a offert un espace d’éveil, de dialogue et d’action. Ses cinq piliers — le Symposium, les Conversations Vivantes, le Village du Vivant, le Bio Lab et les Arts du Vivant — ont tissé des passerelles entre disciplines, inspiré de nouveaux récits et ravivé notre capacité collective à nous émerveiller, à comprendre et à agir.
Le succès de cette première édition témoigne d’une soif profonde de sens, d’émotion et d’engagement. Le Festival du Vivant s’inscrit dans la continuité des engagements du Groupe Rogers en matière de durabilité, en lien avec notre vision d’un développement responsable. Ce n’est qu’un début : une promesse vivante pour demain. » a souligné Mickaël Apaya, Head of Climate Resilience and Regeneration chez Rogers.
« À l’occasion du Festival du Vivant, Odysseo a eu le privilège de prendre part à un événement qui place la biodiversité au cœur des échanges. En tant que Program Manager de la fondation, j’ai eu le plaisir de porter la voix de notre engagement, notamment pour des écosystèmes encore trop souvent oubliés : les milieux marins.
Alors que 2025 marque l’année de l’UNOC 3 à Nice – un moment où toutes les conversations vont se tourner vers l’océan – il est essentiel de rappeler que la biodiversité commence là, sous la surface. L’océan est un pilier de la vie sur Terre, et pourtant, il reste trop peu présent dans les priorités environnementales et les imaginaires collectifs.
Le Festival du Vivant a été l’occasion idéale pour mettre en lumière le projet Varuna, qui explore les liens profonds entre écosystèmes marins et terrestres. Nous avons aussi parlé de l’importance des mangroves, véritables zones de vie qui protègent les littoraux, abritent une biodiversité exceptionnelle et stockent le carbone.
Nous avons également partagé les actions menées autour de la régénération des coraux, essentiels à la survie de milliers d’espèces marines, aujourd’hui gravement menacés par le changement climatique. À travers ces initiatives, nous avons tenu à souligner l’importance de la préservation de l’archipel de St Brandon, un territoire unique, fragile et précieux, qui incarne à lui seul ce que nous avons à perdre – ou à protéger.
Ces échanges, ces projets, ces engagements, portent tous le même message : préserver la vie, c’est reconnaître son intelligence, sa complexité, et la manière dont chaque habitat, chaque espèce, chaque geste compte.
«Le Festival du Vivant a été une occasion unique de se régénérer en tant qu’activiste. », Krishna Pentayah, Sov Lanatir
« Votre accueil nous a permis d’être pleinement nous-mêmes, en tant qu’ONG, en tant qu’individus, et en tant que membres de communautés villageoises du Festival du Vivant. Avoir pu venir ensemble, avec les voix de nos lieux de vie, a été profondément significatif pour nous. Merci pour l’espace de confiance, de partage et d’écoute. Cela a donné lieu à des rencontres sincères et des échanges porteurs d’avenir. », Cedric Sunassee, Sov Lanatir
“There was something quietly powerful about the way everything was held—intimate but expansive, rigorous but warm. I came away with new ideas, new questions, and a deeper sense of connection.” – Meha Desai, photographe, The Quiet Revolution.
Un partenariat pour construire demain, ensemble
Le Festival du Vivant 2025 a été rendu possible grâce à un partenariat entre le Groupe Rogers, Odysseo et House of Digital Art.
Rogers et Odysseo ont tous deux été lauréats du Fonds Business Biodiversité Océan Indien, un dispositif intégré au programme régional VARUNA, qui vise à mobiliser les acteurs économiques, culturels et citoyens de l’océan Indien autour de la préservation de la biodiversité. A l’initiative de Rogers et conçu par la House of Digital Art, ce programme a été mis en œuvre par Expertise France et financé par l’Agence Française de Développement (AFD). Ensemble, ils ont souhaité aller à la rencontre du public. Ce projet a constitué la première pierre d’un rendez-vous culturel annuel et itinérant.
La richesse du vivant est infinie et ces deux jours nous ont offert un bel aperçu des initiatives existantes ou possibles pour régénérer et pour soigner notre lien avec ce qui nous compose et nous entoure. Un aperçu riche, à la fois tragique et prometteur, si on se serre les coudes pour œuvrer pour le meilleur ensemble.
The Festival du Vivant, a unique blend of science, art, and ecology, debuted May 23-24, 2025, at the House of Digital Art in Port Louis. Artists, thinkers, scientists, and citizens gathered to address biodiversity preservation, a critical challenge of our time.
This joint initiative by Groupe Rogers, the House of Digital Art, and Odysseo aimed to popularize the concept of biodiversity: its importance, its role in ecosystems, and the interconnectedness of all life.
The festival urged attendees to acknowledge the biodiversity crisis and consider how individual actions can make a difference.
**Biodiversity Crisis: An Alarming Reality**
Amidst accelerating biodiversity loss and ahead of the UN Ocean Conference (UNOC3), the Festival du Vivant called for engagement. Biodiversity, defined as the variety of life on Earth, underpins our food systems, health, economy, and collective well-being.
Currently, six of nine planetary boundaries have been breached, with biodiversity loss being a critical and irreversible one. Nearly one million species face global extinction annually, and in Mauritius, 89% of endemic plant species are threatened. Ecosystems face increasing pressure from land development, chemicals, plastic pollution, and overfishing.
The Festival du Vivant aimed to raise awareness of our interdependence with the living world. Through art, science, education, and citizen dialogue, it fostered a space for emotions, stories, and actions to converge, encouraging a reevaluation of our relationship with nature.
Discussing the living world was the first step toward understanding the interconnectedness of all life on Earth.
**Philosophy: Building a Foundation for Collective Awakening**
Philosopher Anouchka Sooriamoorthy questioned the cause for celebration at a festival inherently tinged with the urgency of preventing the very thing it celebrates—life’s disappearance. She noted the prevailing indifference towards the ecological crisis.
Humanity’s focus on concrete and plastic has led to a world devoid of imagination and vitality. By the festival’s end, a sense of possibility emerged, fueled by the power of collaboration.
**Two Days Celebrating Life and Exploring Possible Futures**
Symposiums, discussions, BioLabs, and artistic performances engaged attendees in exploring the richness and challenges facing the Indian Ocean’s interconnected ecosystems.
The free festival united people and ideas, including initiatives like the Réunion-based « La route des plantes, le chant des forêts. »
Nearly fifty speakers and organizations participated, offering concrete actions for environmental preservation.
Partners like the Institut Français de Maurice (IFM) provided virtual reality experiences of marine life, while Filou Moris curated heritage music. MBC Radio hosted live broadcasts featuring scientists, artists, and thinkers, reaching a wider Mauritian audience.
**Reflections**
Astrid Dalais, Founder of the House of Digital Art, noted the festival’s success in sparking awareness and demonstrating the power of collective action.
Mickaël Apaya, Head of Climate Resilience and Regeneration at Rogers, emphasized the festival’s role in rethinking our relationship with the living world and inspiring action.
Odysseo highlighted the importance of marine biodiversity and initiatives like Project Varuna and coral regeneration efforts.
Attendees like Krishna Pentayah and Cedric Sunassee praised the festival for its empowering and collaborative environment.
**A Partnership for a Sustainable Future**
The Festival du Vivant 2025 was a partnership between Groupe Rogers, Odysseo, and the House of Digital Art.
Rogers and Odysseo are recipients of the Indian Ocean Business Biodiversity Fund. This project marked the beginning of an annual cultural event aimed at fostering a deeper connection with the living world and inspiring collaborative action.