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[Vidéo News] Les nounous donneuses de lait, source de survie pour les bébés

Depuis 2011, le Dr François Sarano, président de Longitude 181 et président d’honneur de l’Indian Ocean Marine Life Foundation (IOMLF), René Heuzey, président de la fondation, et leur équipe de chercheurs suivent un clan de cachalots dans les eaux de Maurice.

Grâce à leurs recherches, ils ont réussi à reconstituer le premier arbre généalogique de mammifères marins et ont publié six études scientifiques sur les comportements sociaux des cachalots. « Nursing Behaviour in Sperm Whales » est la sixième étude scientifique qu’a menée l’équipe de chercheurs comprenant François Sarano, Véronique Sarano, Axel Preud’homme, René Heuzey et Hervé Glotin. Publiée dans le prestigieux magazine « Animal Behavior and Cognition », cette étude a révélé des détails fascinants sur le comportement d’allaitement des cachalots.

L’étude basée sur l’analyse approfondie de 127 vidéos sous-marines (Voir étude en p. 17) capturées sur une période de plus de 7 ans, a éclairé sur la manière dont les bébés cachalots sont allaités, notamment en mettant en évidence un comportement spécifique et proactif des petits pour obtenir du lait auprès des nourrices.

Les résultats de cette recherche offrent un niveau de compréhension inégalé sur le processus d’allaitement chez les cachalots. Les chercheurs ont identifié quatre étapes distinctes dans ce processus complexe (voir en p. 8). Tout d’abord, le bébé se rapproche de la partie génitale de la mère pour indiquer son désir de téter. Ensuite, il introduit sa mandibule inférieure dans la fente mammaire pour faire sortir le mamelon. Une fois en position, le petit presse le mamelon contre son palais dur avec sa langue et commence à téter. Enfin, une fois rassasié, le bébé cachalot se retire et s’éloigne en nageant.

Les nounous allaitantes, indispensables à la survie des bébés

Cependant, ce qui rend cette étude encore plus captivante, c’est la découverte des premières preuves directes d’allosuckling chez les cachalots, où les petits obtiennent du lait d’une femelle adulte qui n’est pas leur mère biologique. Ces observations, rendues possibles grâce à des années d’observation minutieuse sous-marine, ouvrent de nouvelles perspectives sur les dynamiques sociales et familiales au sein de ces majestueuses créatures marines. En effet, des chercheurs suggèrent que l’allaitement croisé était principalement assuré par trois nourrices (YUKIMI, DOS CALLEUX et EMY) et une nounou (GERMINE, pilier structurant du clan Irène Gueule Tordue qui se laisse têter. Elle a protégé plus de 20 petits, les 10 dernières années) sans petits .

Les nounous allaitantes se substituent ainsi à la mère. Même s’il existe plusieurs nourrices au sein d’un clan, chaque bébé a sa nourrice attitrée : le bébé LANA de la nourrice YUKIMI mais pas de la nourrice GERMINE, le bébé ALI de la nourrice DOS CALLEUX mais pas de la nourrice GERMINE, etc. En conséquence, GERMINE s’occupe de différents bébés, car elle les surveille à la crèche quand leurs mères viennent les déposer, mais ne leur donnait pas tous du lait (il n’y avait aucune trace de lait pendant les activités d’allaitement). Cette étude démontre l’importance dans nounous dans la structure sociale.

Les résultats de l’étude ont également révélé que même si les petits avaient des nourrices, il n’y avait pas de différences significatives entre le temps passé avec leur mère et celui passé avec les nourrices (Voir p. 12). De plus, la durée de l’allaitement maternel était presque deux fois plus longue que celle de l’allosuckling. En effet, la tétée dure entre 1 et 76 secondes, avec une durée moyenne d’environ 16,7 secondes. Pendant les 58 événements de tétée maternels, la durée moyenne était de 19,8 secondes, tandis que pour les 29 événements de tétée d’allosuckling, la durée moyenne était de 10,6 secondes. L’étude démontre aussi que les petits ont généralement fait plusieurs tentatives et ont nagé aux côtés des femelles adultes pour finalement se positionner pour la têtée.

Des données recueillis sur 263 jours de travail sur le terrain

Les chercheurs, dirigés par François Sarano et René Heuzey, qui est aussi réalisateur de films sous-marins, ont mené ces recherches en utilisant des observations sous-marines et des prélèvements de squames (des peaux que les cachalots ont perdu dans l’eau, les recherches sont toutes non invasives) sur le clan d’Irène Gueule Tordue depuis 2011. Ces observations sous-marines ont pris fin en 2019, et les données ont été collectées chaque année entre février et mai de 2013 à 2017 et en 2019, et de février à août en 2018, ce qui représente un total de 263 jours de travail sur le terrain. Ces observations ont permis de recueillir des données précieuses sur 30 cachalots – 28 du clan Iréne Gueule Tordue et 2 de Reshna, identifiés par des marques morphologiques externes sur leur corps. (Voir p. 3)

Des observations à différentes profondeurs

L’étude a également apporté des informations sur les positions relatives des cachalots adultes et des bébés pendant l’allaitement, ainsi que sur la durée et la fréquence de ces interactions cruciales pour la survie des bébés cachalots. (Voir p. 10). En effet, les 127 événements de nursing ont été enregistrés en vidéo à différentes profondeurs près de la surface de la mer : 25% de ces observations ont eu lieu lorsque les femelles adultes étaient à la surface de la mer (41% à une profondeur inférieure à 10 m et 34% en dessous d’une profondeur de 10 m). 27% des observations ont été réalisées lorsque les femelles adultes étaient à la surface de la mer et 73% ont été réalisées lorsqu’elles étaient à moins de 5 mètres de profondeur.

Cette recherche offre un aperçu intime et fascinant du comportement d’allaitement des cachalots, mettant en lumière leurs fortes relations sociales et leur adaptabilité remarquable. Ces découvertes ne font que renforcer notre admiration pour ces créatures emblématiques des océans et soulignent l’importance cruciale de la préservation de leur habitat marin.

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