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Décolonisez votre alimentation

Les communautés des peuples autochtones défendent une extraordinaire variété d’espèces végétales et animales, ainsi que des savoirs traditionnels, des langues et des aliments menacés d’extinction.

Si l’on pense à l’avenir de ces communautés, la campagne Décolonisez votre alimentation s’inscrit parfaitement dans le thème principal de la Journée internationale de cette année, à savoir La jeunesse autochtone en tant qu’agent de changement pour l’autodétermination. « Historiquement, les compétences, les savoir-faire et les connaissances que nous apportons aux systèmes alimentaires mondiaux en tant que femmes et jeunes autochtones ont été occultés. On dit souvent aux jeunes qu’ils ne savent pas vraiment, qu’ils manquent d’expérience, qu’ils doivent attendre d’être plus âgés pour pouvoir exprimer leurs opinions, mais on oublie que la jeunesse est une source d’énergie, de rêves, de renouveau des capacités et des compétences. Si nous, les jeunes, nous écoutons aussi nos aînés avec respect et dignité, nous pouvons créer ensemble des milliers de projets merveilleux pour apporter des solutions au changement climatique et à la perte de biodiversité, car nous nous complétons mutuellement », commente Dalì Nolasco Cruz, femme de la tribu Nahua et membre du conseil d’administration de Slow Food International.

La colonisation de la nourriture autochtone

Quatre-vingt pour cent de la biodiversité est préservée par les peuples autochtones. Ces communautés sont également les gardiennes du savoir et des aliments traditionnels. Cependant, leurs moyens de subsistance sont menacés par l’accaparement des terres, les violations des droits des peuples autochtones, le changement climatique et les pratiques agricoles non durables. En plus de ces causes évidentes, une colonisation moins visible s’opère par le biais de l’alimentation. D’une part, les entreprises cherchent à s’accaparer le savoir-faire et les aliments indigènes sans le consentement et la reconnaissance des communautés qui les cocréent, et sans leur apporter de bénéfices. Par ailleurs, la domination croissante des aliments industriels et mondialisés est en train de remplacer la nourriture traditionnelle locale. Les médias et les politiques publiques encouragent la consommation et la production de ces aliments, ce qui conduit à une insécurité alimentaire, à une homogénéisation des régimes alimentaires et à la disparition de saveurs, de savoir-faire, de traditions culinaires, d’économies locales et d’identités alimentaires, avec un impact particulier sur la jeunesse autochtone.

Les aliments indigènes et traditionnels peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la faim et la malnutrition : Les régimes alimentaires et les pratiques de production biodiversifiés dont ils font partie contribuent à un mode de vie sain et préservent les écosystèmes locaux et les ressources environnementales qui peuvent protéger contre les carences en micronutriments. Aujourd’hui, ce modèle est fortement concurrencé par les aliments transformés de l’industrie agroalimentaire et l’utilisation croissante d’OGM.

L’inondation du marché par ces produits a entraîné un changement considérable des habitudes alimentaires, dont les effets néfastes sur la santé de la population n’ont pas tardé à se manifester.

« Notre nourriture nous relie à nos communautés, à la Terre-mère et à nos ancêtres », explique Dalì Nolasco Cruz, « c’est notre culture, notre savoir, notre vie : notre identité ». « C’est pourquoi il est essentiel de veiller à ce que les aliments des peuples autochtones continuent d’être respectés, protégés et célébrés en tant que partie intégrante de la culture culinaire mondiale. À travers la campagne de sensibilisation Décolonisez votre alimentation, le Réseau des peuples autochtones de Slow Food cherche à attirer l’attention sur les efforts déployés pour sauver les aliments des peuples autochtones de l’extinction. Il nous invite également à mieux connaître les origines autochtones des aliments courants et à découvrir les terres et les communautés où ils sont encore produits. »

Un parcours de sensibilisation à travers les continents

Slow Food propose un tour du monde à la découverte de différents aliments autochtones mis en valeur par le Réseau des peuples autochtones de Slow Food, qui réunit 86 pays et plus de 370 communautés.

Au Mexique, le réseau des peuples autochtones de Slow Food participe très activement, puisqu’il vient de lancer une campagne nationale pour demander aux communautés autochtones de présenter les aliments locaux qu’elles souhaitent décoloniser. Il en va de même pour Slow Food Ouganda, qui a présenté la campagne My Food My Identity. Cette initiative vise à attirer l’attention des populations locales sur les aliments autochtones qui peuvent constituer une alternative efficace pour garantir la souveraineté alimentaire et apporter un soutien précieux dans la lutte contre le changement climatique.

L’Alliance des Cuisinier·ère·s Slow Food, une initiative du Peuple autochtone de Taïwan, vient d’être lancée dans le pays. En plus de défendre la biodiversité et les produits locaux, les 8 cuisinier·ère·s autochtones qui ont fondé l’Alliance vont mettre un coup de projecteur sur les traditions et les ingrédients autochtones. Pour en savoir plus : https://www.fondazioneslowfood.com/en/nazioni-alleanza/taiwan-en/

En Europe, les producteur·trice·s de la Sentinelle Slow Food du gurpi de renne de Laponie ont proposé

le gurpi : une spécialité de viande de renne séchée produite par les Samis, un peuple autochtone d’éleveurs nomades qui vit dans les montagnes du nord de la Suède, à la frontière avec la Norvège, la Finlande et la Russie.

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