L’ACCA a publié à la fin de janvier la première édition de son rapport sur les perspectives économiques pour la nouvelle année. Ce rapport intitulé 2024 Global Economic Outlook: Slow Growth High Uncertainty, est structuré en quatre parties.
La première partie analyse les perspectives 2024 pour l’économie mondiale et quelques pays clés, et jette un regard éclairé sur quelques-uns des risques majeurs qui pourraient marquer l’année. La deuxième partie met l’accent sur des événements prévus en 2024 et qui pourraient être sources de risques – en tenant compte de la tenue d’élections importantes dans de nombreux pays. Trois tendances fortes, à surveiller de près en 2024, font l’objet des observations et des analyses de la troisième partie. La quatrième et dernière partie est consacrée à des résumés d’interviews réalisées auprès de sept directeurs financiers de divers pays. Ces entretiens apportent un point de vue ancré dans la réalité de leurs entreprises ainsi que des perspectives pertinentes à l’échelle mondiale et à celle de leurs pays respectifs.
Selon Jonathan Ashworth, chief economist de l’ACCA et auteur du rapport, l’économie mondiale devrait connaître une faible croissance cette année encore, et les risques seront toujours présents.
« L’effet à retardement des mesures monétaires plus strictes déjà mises en oeuvre pourrait mener à renforcer une tendance vers le ralentissement économique, et les risques géopolitiques sont toujours très élevés. Les possibilités de volatilité ainsi qu’une plus grande incertitude seront influencées par le calendrier politique extrêmement riche, incluant des élections dans une soixantaine de pays – dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Inde – et celles au Parlement européen. »
Le chief economist de l’ACCA ajoute :
« Les banques centrales ne devraient pas chanter victoire trop tôt dans leur lutte contre l’inflation ». Toutefois, indique-t-il, « le risque positif pour l’économie globale en 2024 pourrait venir d’améliorations rapides et constantes au sujet de l’inflation, qui ouvriraient la voie à un relâchement important et à court terme des politiques monétaires des banques centrales »
. Cette situation pourrait cependant créer un terreau fertile pour une inflation encore plus forte en 2025 et au-delà, avertit l’économiste.
Jonathan Ashworth conseille par ailleurs de suivre de près – en sus de l’évolution des données économiques habituelles – trois tendances importantes pendant cette année 2024 :
– la réticence des gouvernements à avancer résolument dans la mise en place de politiques pour une transition vers l’économie verte ;
– les signes d’une géofragmentation économique plus forte ; et
– les développements dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA)
« Les deux premières tendances pourraient être grandement influencées par les évolutions politiques au cours de l’année, et nous devrons être attentifs aux effets préliminaires de l’utilisation plus généralisée de l’AI afin de voir si elle commencera à stimuler une croissance – bien nécessaire – dans les économies », dit Jonathan Ashworth.
La prudence est par ailleurs, chez les directeurs financiers interviewés, le maître mot sur un fond de situation économique difficile et des évolutions attendues avec les développements géopolitiques et les élections dans plusieurs pays. Certaines entreprises ont été naturellement moins affectées par les développements économiques cycliques, mais d’autres ont subi l’impact de changements structurels liés au commerce, ou celui de problèmes de chaînes d’approvisionnement – ou alors ils sont à risque de subir un tel impact. La plupart de ces organisations se sont lancées dans l’utilisation de l’IA et d’autres technologies pour en évaluer les possibilités. Certaines ont relevé les difficultés qu’elles rencontrent pour attirer des collaborateurs compétents, à cause des changements dans la façon de travailler.