Le dernier rapport du bureau mondial de l’ACCA (Association of Chartered Certified Accountants) et de CAANZ (Chartered Accountants Australia and New Zealand) met en lumière les principaux défis que rencontre la profession d’auditeur pour attirer et retenir les compétences nécessaires – avec pour conséquence une baisse du nombre d’experts-comptables qui choisissent la spécialité d’auditeur.
Ce rapport est basé sur une étude mondiale et les observations recueillies de plusieurs tables rondes internationales. Plus de 6 500 experts en comptabilité et finance à travers le monde ont participé à cette étude. Elle révèle que les personnes travaillant dans le domaine de l’audit demandent plus de flexibilité et de revenus, en lien avec des appréhensions de plus en plus fortes au sujet du manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
« Il ressort de cette étude qu’il y a un manque de point de vue commun au sein de la profession d’auditeur au sujet de la compréhension précise de la mission de l’audit. Cela est un frein à l’adoption de cette spécialité par des comptables et n’aide pas celles et ceux qui y sont engagés à avoir une vision claire de la valeur ajoutée qu’ils et elles apportent dans leur fonction », déclare Antonis Diolas, Head of Audit and Assurance du bureau mondial de l’ACCA, et auteur du rapport intitulé Attract, Engage, Retain: Insights and Recommendations for Audit Talent Success.
« Cette étude montre clairement la nécessité d’avoir, dans le milieu professionnel, de l’empathie et du respect pour le fait que les employés ont une vie à dimensions multiples. Ils doivent aussi voir que leurs leaders sont conscients de leurs personnalités individuelles, afin qu’ils arrivent à se projeter dans leur avenir professionnel avec confiance » , ajoute Amir Ghandar, Reporting and Assurance leader de CA ANZ.
Plus de la moitié des participants à l’étude étaient des membres de la génération Y, âgés de 25 à 42 ans, dont 37% travaillant dans l’audit, 33% ayant eu une activité passée dans ce domaine, et le reste étant intéressé à y faire carrière.
Les firmes d’audit ont pris des initiatives pour répondre aux appréhensions liées à la situation observée, mais la présence persistante de certains problèmes indique la nécessité pour des changements en profondeur. Par exemple, l’étude a révélé un intérêt très marqué pour le sustainability reporting and assurance chez les auditeurs actuels et chez ceux qui pourraient se consacrer à cette spécialité. Ce constat représente un atout que peuvent utiliser les firmes d’audit pour optimiser leurs recrutements. L’étude de l’ACCA et de CAANZ relève cinq pistes vers des solutions éventuelles aux défis notés: Concilier vie professionnelle et vie personnelle est un condition essentielle : une culture d’entreprise qui ne permet pas un tel équilibre doit être modifiée afin de faire plus de place à la reconnaissance des besoins qui permettent l’épanouissement des employés.
Une rémunération adéquate : la charge de travail très importante en périodes de pointe pour les audits devrait être rémunérée en conséquence, faute de quoi les recrutements et la rétention des talents sera encore plus difficile à l’avenir.
Evolution de carrière et diversité de fonctions : l’évolution de carrière traditionnelle est peu attrayante pour les jeunes auditeurs. Les firmes d’audit devraient développer des structures d’évolution qui offrent des possibilités d’occuper des fonctions diverses et qui tiennent compte des centres d’intérêts des auditeurs.
Sustainability assurance and reporting: ce domaine est considéré comme motivant grâce à l’impact positif qu’il peut entraîner. Il offre donc une opportunité pour recruter et retenir des talents, l’étude démontrant que 48% des participants non-auditeurs seraient intéressés à le devenir s’ils avaient l’opportunité de travailler en sustainability assurance and reporting, et 40% de ceux qui sont déjà auditeurs souhaiteraient le rester s’ils peuvent se consacrer à cette spécialité.
La technologie au service de l’efficacité : ceux que la profession d’auditeur intéresse souhaitent pouvoir utiliser des technologies de pointe. Les Big Four et les firmes de niveau intermédiaire peuvent y arriver plus facilement que les cabinets de taille plus modeste. Rattraper le retard technologique est un besoin stratégique pour la profession comptable.
Le rapport recommande d’ailleurs que les nouvelles recrues soient exposées aux toutes dernières technologies dès le début de leur prise de fonction.
« Avoir accès aux technologies de pointe et à la formation à ce sujet est un atout pour celles et ceux qui sont en début de carrière. Ils constituent un groupe doté d’une familiarité naturelle avec les outils numériques et d’idées nouvelles, qui sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à l’émergence de nouvelles idées pour le domaine de l’audit », affirme Amir Ghandar.
« L’audit est à la base de la fiabilité dans le domaine financier ; il est garant de précision et de transparence et contribue ainsi à bâtir la confiance et la responsabilité. Les bonnes pratiques en audit permettent aux entreprises de prospérer et d’attirer les investisseurs, ce qui favorise la stabilité des marchés et les perspectives de prospérité économique pour tous » estime aussi Antonis Diolas.