web analytics

L’Interview du Vendredi

Dans quelques jours vous trouverez dans les librairies Le Cygne et Les Éditions Le Printemps, le premier ouvrage de Danielle Ah-Yu, mauricienne originaire de la ville de Beau-Bassin.

C’est l’Interview du vendredi de Danielle Ah-Yu.

Vous avez quitté Maurice depuis des décennies pour vous établir au Canada, une transition facile ?
Mon histoire au Canada a effectivement pris son envol quand j’ai décroché la bourse de la Francophonie. Cette distinction a marqué le début d’un voyage extraordinaire qui m’a conduit de mon île natale, Maurice, à Montréal, une ville dynamique et multiculturelle qui m’a immédiatement charmée. Mon objectif était clair : poursuivre des études universitaires de haut niveau au Canada. J’ai obtenu une licence en gestion et tourisme ainsi qu’une maîtrise en administration des affaires (MBA), qui ont débouché sur des horizons professionnels insoupçonnés. Cette expérience enrichissante a joué un rôle déterminant dans l’acquisition de compétences précieuses qui m’ont été d’une grande utilité dans ma carrière. Avant même la fin de mon cursus, j’ai eu la chance de décrocher un emploi à Montréal. M’éloigner de ma famille et de mes amis à Maurice n’a pas été sans difficulté. Mais mon envie d’explorer de nouveaux horizons et de réaliser mes aspirations m’a permis de m’intégrer rapidement à ma nouvelle vie. La première année a été ponctuée de défis, notamment les différences climatiques et culturelles. Cependant, j’ai pu mettre à profit ma capacité d’adaptation et mon ouverture d’esprit pour tisser des liens solides avec les gens d’ici et me sentir rapidement chez moi. Malgré mon intégration réussie au Canada, l’île Maurice occupe toujours une place très spéciale dans mon cœur. C’est avec un bonheur renouvelé que je retrouve ma famille et mes amis à chaque visite, que je profite des plages paradisiaques et découvre de nouveaux endroits lors de mes séjours. Chaque voyage à Maurice est une occasion précieuse de renouer avec mes origines et de me rappeler d’où je viens.

Pour ceux qui ne le savent pas comment est la vie dans ce pays ?
La vie au Canada, et particulièrement à Montréal, est généralement considérée comme très agréable. Le Canada se classe régulièrement parmi les pays ayant la meilleure qualité de vie au monde. Montréal, ville propre, sûre et dynamique, se distingue comme un choix populaire pour s’y installer. Accès universel et gratuit aux soins de santé, système éducatif de qualité, nature omniprésente, multiculturalisme et bilinguisme, scène artistique et culturelle vibrante, centre économique d’envergure : les atouts de la ville sont nombreux. L’accueil chaleureux des Canadiens est un autre élément qui séduit. Cependant, il faut garder à l’esprit que le coût de la vie y est plus élevé qu’en France, et que le climat varie selon les régions. Montréal, avec son climat continental humide et ses hivers froids et enneigés, n’est pas pour tous les goûts. Malgré ces quelques points à prendre en compte, le Canada et Montréal offrent un cadre de vie exceptionnel pour ceux qui recherchent un environnement dynamique, multiculturel et propice à l’épanouissement personnel et professionnel. Un rêve accessible pour beaucoup, à condition de bien se préparer et de s’adapter à la culture et au mode de vie canadiens.

Beaucoup de Mauriciens, d’étudiants, professionnels entre autres font des pieds et des mains pour venir au Canada, quels sont vos conseils ?
Je crois que le principal conseil que je peux donner à quiconque voudrait s’établir ailleurs dans le monde, y compris au Canada, est de se poser d’abord la question suivante : qu’est-ce que je veux apporter à la terre d’accueil sur le plan des compétences et des valeurs ? Prendre le temps de réfléchir à cette question aide à mieux cibler ses démarches et à maximiser ses chances de réussite. Il s’agit ensuite de s’intégrer pleinement dans la vie professionnelle, culturelle et communautaire du nouveau pays, sans pour autant perdre son identité et ses valeurs profondes.

Outre votre métier, vous vous êtes lancée dans une nouvelle aventure ?
En tant que co-fondatrice de la firme Scala stratégie et communication, j’accompagne les PME à planifier leur avenir sur trois ans et à optimiser leur communication interne. Notre mission est de les guider dans leur développement stratégique et de leur fournir les outils nécessaires pour réussir. En parallèle de mon activité entrepreneuriale, je me suis lancée dans l’écriture de mon premier roman.

Comment est venue cette envie de passer à l’écriture ?
En réalité, je ne suis pas « passée » à l’écriture. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. Dès mon arrivée à Montréal, je contribuais bénévolement à des revues universitaires. Mon métier m’a également amené à rédiger des articles de recherche, des rapports stratégiques et des plans de communication. Mais, j’ai toujours eu ce besoin viscéral de coucher sur papier des histoires, des pensées et des émotions. L’idée d’écrire un roman me trottait dans la tête depuis longtemps. La vie étant ce qu’elle est, je repoussais sans cesse ce projet à plus tard. Le décès de mon père l’an passé a été un électrochoc. Il aimait écrire et a d’ailleurs rédigé son autobiographie. Comme on dit, la pomme ne tombe pas loin de l’arbre. J’ai donc décidé de passer à l’action en me lançant dans l’écriture de ce roman.

Pourquoi ce titre « Les soupirs de l’ombre » ?
Le choix d’un titre est un exercice complexe. Il doit à la fois refléter fidèlement l’histoire, attirer le lecteur potentiel, être unique et non utilisé. Le roman nous transporte au début des années soixante, à Montréal, où naît une petite fille nommée Harmony. Dès son plus jeune âge, un cauchemar récurrent hante ses nuits. Ce rêve lui révèle une ombre menaçante qui semble obscurcir son destin. Le titre « Les soupirs de l’ombre » trouve ici tout son sens, car il représente les dangers qui guettent Harmony, mais aussi ses tourments intérieurs.

Pourquoi un roman fantastique ?
« Les soupirs de l’ombre » est un drame fantastique qui suit la vie d’Harmony, de sa naissance à l’âge adulte, dans une toile inextricable d’événements mystérieux. Le choix du fantastique s’est imposé à moi, car ce genre littéraire me fascine depuis toujours. J’aime l’idée que l’improbabilité devienne possible, que l’on puisse explorer des contrées imaginaires et repousser les limites du réel. Le fantastique me permet de créer une atmosphère unique, teintée de mystère et de suspense, qui captive le lecteur. C’est un genre littéraire qui offre une liberté de création infinie et qui me permet de partager une certaine vision du monde et de l’âme humaine.

Votre livre explore un lien parental conflictuel, est-ce autobiographique ?
Ce roman n’est aucunement autobiographique. J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille aimante, solidaire et harmonieuse. Mais, je suis consciente que ce n’est pas le cas de tout le monde. Dans « Les soupirs de l’ombre », Harmony navigue entre une relation houleuse avec sa mère et une complicité profonde avec son père. L’histoire explore la fragilité de l’enfance et la complexité de l’âge adulte et de l’amour. Ce roman explore une thématique qui touche de nombreuses personnes, tout en s’inscrivant dans un cadre plausible. Il ne s’agit pas d’un roman fantastique pur, car il s’ancre dans les expériences humaines. Cependant, des éléments mystérieux parsèment l’histoire, où chaque détail, rétrospectivement, prend tout son sens.

Votre œuvre littéraire a un succès fou sur Amazon, ravie ?
Je suis bien sûr très heureuse de l’engouement des lecteurs à travers le monde pour mon livre. J’ai des lecteurs des États-Unis, du Royaume-Uni, de France, de l’Australie, d’Allemagne, d’Italie, du Canada et de Maurice, bien entendu, et même du Japon. Mais c’est surtout la rétroaction que je reçois des gens qui me fait le plus plaisir. Quand on écrit un livre, on est seul avec son univers. Lorsque vient le moment de le lancer et de recevoir les commentaires des lecteurs, ce sont des moments très forts pour moi. Chaque personne lit un livre selon sa perception du monde, ses préférences et son propre vécu. Je trouve cela absolument extraordinaire de découvrir les émotions ressenties, de discuter sur la compréhension d’un deuxième ou d’un troisième niveau du récit et les expériences déjà vécues par ces personnes.

Et la suite pour Danielle ?
Je vais d’abord commencer par absorber tous les commentaires reçus des lecteurs. Comme toujours, je compte continuer à m’imprégner de tout ce qui m’entoure et à laisser libre cours à ma créativité. Je veux prendre le temps de me laisser inspirer et, le moment venu, l’étincelle jaillira pour une nouvelle histoire. Je continue, bien sûr, à honorer mes engagements professionnels et à faire du bénévolat auprès des personnes âgées vivant seules.

Lancement du livre de Danielle Ah Yu Les Soupirs de l'ombre
Lancement du livre de Danielle Ah Yu Les Soupirs de l’ombre

Le roman « Les soupirs de l’ombre » de l’auteure Danielle Ah-Yu est maintenant disponible à la Librairie Le Cygne, à Rose-Hill et aux Éditions Le Printemps à Vacoas, Port-Louis et Curepipe ainsi que sur toutes les plateformes d’Amazon.

Verified by MonsterInsights